PCF : La fabrique du citoyen

Le PCF, qui a calqué le nom de sa liste sur « Barcelona en comu », a lancé sa campagne « ouverte » lors d’un forum à Montreuil, le 6 juillet.

Michel Soudais  • 16 juillet 2015 abonné·es
PCF : La fabrique du citoyen
© Photo : Michel Soudais

Le rendez-vous avait été fixé à La Parole errante. C’est dans ce lieu de culture montreuillois, dont le nom est une invitation à la prise de parole, que le PCF a lancé le 6 juillet sa campagne francilienne. Gradins en amphithéâtre autour d’une piste où était inscrit, sur une représentation stylisée de la région capitale, le slogan « Construisons l’Île-de-France en commun ! », interventions minutées par une animatrice chargée de faire circuler la parole dans le public… Loin des nouvelles pratiques qui ont émergé en Espagne au sein de Barcelona en comu. La scénographie très calculée de cette première réunion de « la fabrique citoyenne » imaginée place du Colonel-Fabien devait montrer quel type de campagne voulait conduire Pierre Laurent, désigné chef de file des communistes une semaine auparavant.

« Les autres listes en lice désignent leurs candidats et ensuite entrent en campagne pour porter la bonne parole, explique-t-il d’entrée. Nous voulons faire différemment. Nous voulons construire un projet régional et des listes à l’image de toutes les forces que nous voulons rassembler. » Si les partenaires du Front de gauche sont représentés, leurs têtes d’affiche sont absentes. Clémentine Autain, dont la participation était annoncée par le service de presse du PCF, nous expliquera par la suite ne pas avoir dit qu’elle y serait. En revanche, les personnalités associatives et syndicales ainsi que les élus prévus sont bien là. Ils prendront la parole tour à tour, entre deux citoyens anonymes mais pas tirés au sort. Ancien sans-papiers, Mamadou Tounkara, conseiller lycéen, annonce avoir « adhéré il y a un mois au PCF » avant de demander de mettre l’humain au centre la campagne. « Les régionales, c’est peut être l’occasion de mettre les questions de santé et d’accès aux soins dans le débat », avance Graziella Raso, syndicaliste à l’AP-HP. « Avec la loi Macron, l’Île-de-France risque de se transformer en un vaste centre commercial à ciel ouvert », avertit Laurent Degousée, syndicaliste du Commerce. Jalys Chibout, éducateur spécialisé et militant Jeunes communistes, voudrait voir la bataille contre le contrôle au faciès au cœur de la campagne. Catherine Vella, militante associative « et communiste », s’indigne de l’absence de collège pour les enfants sourds dans la région… Les témoignages qui se succèdent rappellent que la Région la plus riche de France est aussi la plus inégalitaire. D’autres s’inquiètent du « fossé entre les gens et la politique » et de ce qu’il faudrait pour le combler. Leur proximité avec les hôtes de la soirée transparaît par moments. Ainsi, évoquant l’action du conseil régional, Marie Cervetti, directrice du FIT, Une femme un toit, constate : « Les gens n’ont aucune idée de qu’on a fait, enfin… vous avez fait. »

D’autres préoccupations moins « citoyennes » se font entendre. Élue à la Région, Francine Bavay plaide au nom du courant « Love » d’EELV pour « de vraies listes de gauche »  : « Il faut mettre toutes les forces de notre côté pour réussir une union qui permettrait de passer en tête au 1er tour, lance-t-elle sous les applaudissements, pour montrer que notre projet de gauche, de transition écologique et de création d’emplois, a convaincu nos concitoyens. » Ce sera à peu près la seule fois où il sera question d’écologie. Autre élue régionale, Céline Malaisé, de la Gauche unitaire, insiste sur l’objectif de « garder à gauche » la Région, ce qui suppose « dans le cadre des rapports de force issus du 1er tour » de s’en « donner les moyens au second tour ». En fusionnant avec la liste de Claude Bartolone. Le président de l’Assemblée nationale conduit une liste socialiste « qui ne peut pas représenter l’ambition que nous voulons porter », souligne Pierre Laurent. Pour autant, le numéro un communiste n’envisage pas de la doubler. Mais, plus modestement, d’être « le plus haut possible ». « Si demain la Région est à gauche grâce à un très haut score de la liste que nous allons construire, il sera possible d’y conduire une politique de gauche », explique-t-il. Un objectif qu’il juge capable de « faire renaître l’espoir ».

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