Placé derrière de Rugy

Au lendemain du départ de François de Rugy, le patron des sénateurs écolos quitte EELV, qu’il considère désormais comme une « structure morte ».

Patrick Piro  • 28 août 2015 abonné·es

Illustration - Placé derrière de Rugy

C’est dès la matinale d’Europe 1, à 8 h 30, que Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, a annoncé qu’il quittait à son tour EELV,

« un astre mort, une structure morte, qui donne aujourd’hui une vision caricaturale et politicienne de l’écologie. (…) Pour moi, c’est fini ».

Placé, dans la foulée de François de Rugy , dénonce une « dérive gauchiste » de son ex-parti, dont les militants pourraient signer, au total, des alliances avec le Front de gauche dans cinq régions lors du scrutin de décembre. Et il réitère, à peine dissimulées, ses offres de service auprès du gouvernement. « Je veux peser sur les choses : la conférence climat, la transition énergétique, la biodiversité. »

Il s’agit d’une « lourde perte » , convient Julien Bayou, l’un des porte-parole d’EELV, « mais, pour une majorité de militants, ces départs ont valeur de clarification politique ». De Rugy et Placé, minoritaires, menaçaient depuis des mois de prendre leurs distances, n’ayant pas digéré la sortie du gouvernement de Cécile Duflot et de Pascal Canfin, décidée en avril 2014 sans débat au sein d’EELV, et critiquant les signes de rapprochement entre les écologistes et le Front de gauche alors qu’ils affichent pour leur part leur soutien à la majorité présidentielle.

Cependant, s’il amplifie la houle médiatique, le départ du second a pour conséquence de réduire fortement le prétendu péril d’une « implosion » du parti écologiste, volontiers brandi par certains analystes. En claquant la porte 24 heures après de Rugy, sans avoir commenté ce geste et sans concertation apparente avec celui qui paraissait pourtant un partenaire potentiel d’une recomposition politique hors EELV, Placé semble donne le sentiment de s’être fait couper l’herbe sous le pied par le député, qui appelle comme lui à un rassemblement des écologistes réformateurs.

Les silences de Barbara Pompili , coprésidente (avec de Rugy) des députés écologistes, et du député Denis Baupin, deux des cadres les plus proches des démissionnaires par leurs critiques envers la direction d’EELV, renforcent l’interprétation qu’il s’agit « d’aventures individuelles », comme les a qualifiées la secrétaire nationale Emmanuelle Cosse aux journées d’été des socialistes à La Rochelle. « Il n’y a pas de mal aux divergences stratégiques au sein d’un parti, mais on peine à discerner un projet politique dans ces départs, qui ressemblent à une querelle d’égos », ironise l’économiste Jérôme Gleizes, à l’aile gauche d’EELV.

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