La presse indépendante en danger

Denis Sieffert  • 5 novembre 2015 abonné·es
La presse indépendante en danger
© Photo: Soirée de soutien à Politis, alors attaqué en justice par Claude Allègre, co-organisée avec Mediapart, le 15 juin 2010 (Michel Soudais).

**Voilà une semaine, Edwy Plenel intervenait dans Politis pour défendre *« la presse libre qui ne vit que de ses lecteurs » . « C’est , rappelait-il, le choix fait par Politis depuis l’origine » . Le directeur de Mediapart apportait son soutien à notre appel à dons. Il le faisait, bien sûr, au nom de principes qui nous sont communs et qui devraient être partagés par toute la presse : l’indépendance et le pluralisme. L’indépendance sans laquelle il n’y a pas de pluralisme.

Lire > Edwy Plenel : Le prix de l’indépendance

Aujourd’hui, c’est Mediapart, qui est la cible d’une attaque qui menace, sinon son existence, du moins son équilibre financier et sa capacité d’investir ( lire ici ). L’attaque vient du fisc, et sans aucun doute, hélas, du ministère de tutelle, qui exigent du journal d’informations en ligne un redressement de 4,1 millions d’euros qui correspond à un arriéré de TVA. On connaît le différend. A la presse imprimée s’applique un taux de TVA de 2,1%, quand la presse en ligne est assujettie à un taux de 19,6, puis de 20%. Voilà l’injustice, l’anomalie, l’absurdité, et l’anachronisme. Comme si la presse en ligne n’était pas une réalité qui s’est déjà imposée depuis de nombreuses années déjà dans le paysage médiatique. Comme si Mediapart et Arrêt sur Images, qui est frappé par la même disposition, n’avaient pas fait la preuve de leur qualité. Comme s’ils n’étaient pas des symboles d’une presse libre et indépendante.

Que ce mauvais coup survienne au moment même où notre journal connaît des difficultés est à la fois le fruit des hasards du calendrier et le signe d’une époque. Une époque où on ne veut voir qu’une seule tête, et entendre un seul discours. Les périls qui nous menacent n’ont pas exactement les mêmes causes. Mais c’est toujours au portefeuille que nos journaux, qu’ils soient en ligne, ou imprimés ou bimédia, sont attaqués.

Au moment où la presse est la proie de prédateurs milliardaires qui n’ont que faire de la qualité de l’information. Mediapart est solidaire de Politis . Politis est solidaire de Mediapart et d’Arrêts sur Images. Des sites en ligne, un hebdomadaire imprimé mais une même conception de l’indépendance.

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