Climat: coulisses de la conférence COP 21 (7) Promenade dans les pavillons nationaux.La France vend lesvertus d’une loi sur la biodiversité non votée…

Claude-Marie Vadrot  • 8 décembre 2015
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Dans la zone bleue, celle où il n’est pas possible de circuler sans badge d’accréditation, la plupart des pays participants, ont fait édifier des pavillons rivalisent de mensonges, d’omissions ou de proclamations sur leurs efforts qu’ils font envers le climat. Ils résument à merveille la schizophrénie et le déni des réalités qui imprègnent toute la conférence.

France : les avantages et avancées de la loi sur la biodiversité sont longuement expliqués aux visiteurs. Problème : la loi qui traine depuis 2012 n’est pas encore votée, les sénateurs l’ont vidé de son sens et il n’est pas certain qu’elle soit examinée avant le printemps. Pas d’urgence pour la biodiversité.

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Pays du Golfe : superbe et vaste pavillon où les écrans et les documents expliquent tout l’intérêt des producteurs de pétrole pour la réduction des émissions de CO 2. Mais l’exposition et la salle de conférence sont vides en permanence. Comme si certains avait des doutes…

Chine : à la tribune de la salle de conférence les panels d’orateurs, chinois et européens, se succèdent toute la journée, sur les sujets les plus divers pourvu qu’ils mettent en valeur « les efforts considérables » de la Chine en faveur de l’environnement. Questionné sur l’alerte rouge déclenchée à Pékin pour cause de pollution atmosphérique, un jeune responsable du pavillon explique que, « comme d’habitude les médias occidentaux ont beaucoup exagéré, que les mesures de la teneur en particules avaient été faites par la seule ambassade des Etats Unis et que d’ailleurs, pour diminuer la pollution, « il y aura bientôt une circulation alternée et que faire griller de la viande en plein air va être interdit » .

Etats Unis : un énorme pavillon dans lequel il y a toujours un économiste ou un industriel en train de prêcher et d’expliquer que leur pays fait d’énormes efforts pour limiter les dégâts et que, en fin de compte, les gaz de schistes ne sont pas plus dangereux que le reste pour le climat. Un homme y est souvent venu s’entretenir avec les intervenants : Marc Morano, ancien journaliste, communiquant, conseiller de nombreux sénateurs républicains qui ont déjà annoncé qu’ils organiseraient le refus d’un accord. Ce spécialiste rétribué de la désinformation climatique, surnommé par une partie de la presse américaine « Le guerrier climatique » ou « le tueur à gages » est en outre le rédacteur en chef du site « Dépôt climatique » financé, comme plusieurs fondations conservatrices climato-sceptiques, par Richard Mellon Scaife –décédé en 2014-, industriel, pétrolier, propriétaire de plusieurs journaux et banquier engagé dans le combat contre les scientifiques. Une croisade poursuivie par ses héritiers. Les bureaux de Marc Moreno se trouvent évidemment au Sénat américain.

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Club France : le lieu discret où les négociateurs français fatigués avouent de façon anonyme qu’ils sont aussi à la recherche d’un habillage pour le texte de l’accord qui sevra être finalisé dans la journée de demain, de façon à pouvoir être traduit pour jeudi. Un habillage qui sera nécessaire pour la gloire de Laurent Fabius et de François Hollande qui veulent célébrer le succès de la conférence organisée en France. Alors que, de toute évidence, sur de nombreux points, le compte n’y est pas et n’y sera pas. Pour certains diplomates, dans l’état actuel du texte, le résultat pourrait être plus insignifiant qu’à Copenhague en 2009.

Les affaires sont les affaires : le Global Business Community qui cherche en permanence comment faire de l’argent sur le climat s’est réuni ce mardi en compagnie des représentants des Nations Unies et de son secrétaire général, de Ségolène Royal et des négociateurs français. Parmi les 400 représentants du super greenwashing, ceux de Solvay, d’Unilever, de BP, des Saoudiens d’Aramco, de Total, de BASF, de Michelin, de l’Oréal, de Schneider Electric et évidemment d’EDF. Au début de leur réunion, ils étaient tous optimistes. On les comprend.

Adaptation : le mot qui revient le plus souvent dans les pavillons. Tout comme, d’ailleurs, dans le texte en discussion entre ministres. Car, évidemment, s’adapter cela revient implicitement à accepter le réchauffement climatique tout en développant les outils et techniques qui permettront d’en atténuer les conséquences. Cette technologie de l’adaptation sera évidemment vendue. Y compris aux pays bénéficiaires du « Fond vert », ce qui permettra aux pays du Nord de récupérer leurs mises.

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