Le déni climatique des Républicains américains

Claude-Marie Vadrot  • 16 décembre 2015 abonné·es
Le déni climatique des Républicains américains
© Photo: Débat de la primaire des Républicains, le 15 décembre à Las Vegas: Ben Carson, Donald Trump et Sen. Ted Cruz (Ethan Miller/Getty Images/AFP)

Alors que le président Obama a vanté depuis la Maison Blanche l’accord conclu à Paris sur le climat, ses adversaires politiques ont décidé de l’ignorer le plus longtemps possible. Au cours du débat télévisé organisé jeudi dernier par CNN, huit des neufs prétendants à la primaire américaine ont choisi de n’y faire pratiquement aucune allusion. Il n’a été évoqué que très brièvement par le gouverneur de l’Ohio, John Kasich qui en a souligné
« les coûts exorbitants » . Quand à Marco Rubio, sénateur d’une Floride dont les fonctionnaires ont reçu l’ordre de leur gouverneur de ne pas évoquer ce thème, il a simplement expliqué, comme il l’avait déjà fait au mois de septembre, qu’il n’était pas question de « détruire notre économie en édictant des règles qui seraient contraignantes pour nos entreprises » . Le nouveau débat, à effectif plus réduit, du 15 décembre est resté dans ce même déni, la « sécurité » (comme en France) gommant toute réflexion.

La plupart des médias américains soulignent que les candidats aux primaires se sont mis d’accord pour ignorer cette question du changement climatique. Un sondage publié conjointement par le New York Times et le réseau CBS News fait apparaitre que la moitié des électeurs Républicains choisiront de voter pour les candidats qui affirmeront qu’il faut « privilégier la stimulation de l’économie » et non pas se préoccuper de l’environnement. Seuls 40 % sont d’un avis contraire. Alors que 66 % des Démocrates placent en tête de leurs priorités la préservation de l’environnement, 22 % estimant que la préoccupation économique est plus importante. Avec de fortes disparités entre, par exemple, la Californie et l’Etat de New York, où les climato-sceptiques ne sont qu’à peine 30 % selon une enquête récente de l’Université de Yale.

D’autre part, Donald Trump explique que la question du changement climatique est tout simplement « un bobard qui a été inventé par la Chine pour mettre en grave danger les entreprises américaines » . Au mois de septembre, ce candidat qui reste largement en tête des sondages avait déclaré : « Certes, le temps change de temps à autre et vous avez des orages et de la pluie, mais ensuite il fait beau. » Il a été rejoint dans le déni par l’ancien (et influent) gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee, proclamant: « Nous avons besoin d’un commandant en chef, par d’un météorologue en chef. » Mais comme de nombreux cercles, scientifiques et parlementaires démocrates des États-Unis, suivant Hilary Clinton, ont choisi de soutenir la position du Président, le Parti républicain, majoritaire au Sénat, a décidé que pour l’instant la question climatique ne devait pas s’inviter au débat des primaires présidentielles. Tout en se répandant dans les couloirs du Congrès pour expliquer qu’il ferait tout pour empêcher que l’accord de Paris soit ratifié par le Parlement. Pressés qu’ils sont, à la fois par le Tea Party et les organisations régionales ou locales de électeurs conservateurs. Ces deux organisations réclament de leurs sénateurs et gouverneurs qu’ils fassent du refus de la prise en compte des dangers climatiques une question centrale de la présidentielle en préparation.

Écologie Monde
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