Les enfants, la guerre et le rêve
Comment mettre des mots sur l’actualité violente et préserver l’insouciance malgré tout ? Ces questions sont au cœur du Salon du livre de jeunesse de Montreuil.
dans l’hebdo N° 1380 Acheter ce numéro

Il faut mettre des mots. Parler des événements aux enfants. Parce que le silence est pire que tout : il n’épargne ni leur insouciance ni leur entendement. « Et il les laisse seuls avec leurs questions et leurs peurs », résume Alain Serres, directeur de Rue du monde, maison d’édition dont le catalogue déploie des sujets difficiles : le racisme, le deuil, la maladie, la guerre… « De tous les témoins que j’ai interrogés, ce sont ceux qui avaient reçu le moins d’informations à l’époque qui ont eu le plus de mal à parler des années plus tard », raconte Vincent Cuvellier, auteur d’ Ils ont grandi pendant la guerre [^2].
Mettre des mots, mais lesquels ? Dès le lendemain des attentats du 13 novembre, les éditeurs de presse jeunesse ( le Petit Quotidien, Astrapi, le P’tit Libé ) ont publié des numéros spéciaux à destination des jeunes lecteurs, de leurs parents et des enseignants confrontés à la tâche ardue d’expliquer ce qui les dépassait, voire les anéantissait. Que dire ? Sous quelle forme ? Avec quelles images ? Et que taire ? Ces questions font l’objet de débats