Sanseverino : Liberté artistique

Sanseverino signe avec Papillon un disque d’aventures dédié au célèbre évadé du bagne.

Ingrid Merckx  • 9 décembre 2015 abonné·es
Sanseverino : Liberté artistique
© **Papillon** , Sanseverino, Sony Music. Photo : EVRARD/AFP

Pour certains, il a le visage de Steve McQueen, qui l’a incarné au cinéma devant la caméra de Franklin J. Schaffner aux côtés de Dustin Hoffman (1973). Mais « Papillon », c’était Henri Charrière. Un ancien bagnard tout sauf ricain, enfermé à Cayenne en 1931 pour un meurtre qu’il a toujours nié. Son tatouage sur le « plastron » figure à la fois sa liberté et son calvaire. « Un cowboy français », résume Sanseverino, qui, après avoir lu près de dix fois le roman autobiographique écrit par Henri Charrière en 1969, également adapté en bande dessinée sous ses traits, est devenu un maniaque du personnage. « Un homme sensible avec un esprit politique plutôt intéressant quand il critique les forçats qui restent dans le “confort”. Pour lui, un vrai forçat, c’est un forçat qui s’évade. » Papillon était le roi de l’escapade et le poissard de la cavale. Trente-sept jours de bagne et il décolle dans un bateau « à fond percé », direction l’île des Lépreux (« Ça démarre mal »). « Y a trois choses que l’on pourra pas m’ôter : c’est mon pantalon et ma liberté. Et ce désir permanent qui me ronge le sang », raconte Sanseverino dans Papillon. Un disque romancé, chaque morceau valant chapitre sous forme de poème en prose plein de bagout, d’argot et de tempo. À la rythmique, le banjo donne le ton et maintient en haleine (Jean-Marc Delon). Au contre-chant, un violon enlevé et inspiré (Christophe Cravero) laisse imaginer la voix intérieure de l’animal.

Avec mandoline, batterie, dobro, contrebasse, accordéon et guitare, l’ensemble acoustique joue des compositions blue grass qui n’ont a priori rien à voir avec l’univers de Papillon, plutôt contemporain de la java. Mais c’est justement ce mélange qui plaît au musicien, déjà auteur d’un album blue grass, Honky Tonk (2013). « Cette musique se prête bien à la chanson racontée, elle permet d’écouter ce qui se passe. » De ce syncrétisme inattendu naît un univers singulier, avec son climat d’île parigote et ses Dalton d’un Montmartre tropical, comme la pochette signée Sylvain Dorange l’indique. Sanseverino se fait troubadour de grand chemin, laissant exploser ses talents de conteur et de lecteur dans ce disque d’aventures fourmillant d’anecdotes truculentes et de scènes de spectacle. « C’est en lisant un livre d’Albertine Sarrazin que j’ai eu l’idée d’écrire ce bouquin. Pendant treize cahiers, je raconte mon histoire. Tu n’es pas obligé d’y croire. »

Musique
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