Second tour des régionales : les liquidateurs

TRIBUNE. La fusion des listes de la gauche sociale et écologique avec celles du P«S» ajoute de la confusion à la confusion, estime l’essayiste Paul Ariès, qui se sent «trahi».

Paul Ariès  • 8 décembre 2015
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Second tour des régionales : les liquidateurs
© Paul Ariès est rédacteur en chef du mensuel *les Zindigné(e)s* . Photo: La communiste Cécile Cukierman, le socialiste Jean-Jack Queyranne et l'écologiste Jean-Charles Kohlhaas, ont présenté leur liste pour le second tour lors d'une conférence de presse à Lyon, le 7 décembre (AFP / PHILIPPE DESMAZES).

La gauche sociale et écologique se rallie donc au Parti «socialiste» sous prétexte de s’opposer à la droite et au Front national. Cette décision programmée depuis longtemps (et qui m’a empêché de prendre part à la campagne) est une capitulation détestable.

Le parti «socialiste» est responsable de la droitisation de la société et de la montée du F-Haine. Le parti «socialiste» applique une politique économique, sociale, écologique, policière, militaire qui conduit à brouiller tous les repères politiques qui font que la gauche reste à gauche et l’écologie émancipatrice.

La décision des listes de gauche ajoute donc de la confusion à la confusion et se paiera par un recul de nos idées. Nous ne pesons plus lourd sur le plan des suffrages et notre seule force reste celle de nos projets. La décision des têtes de liste conduit à terme à la liquidation de toute gauche et écologique au profit de la «deuxième droite» socialiste.

Le cas de la région Rhône-Alpes-Auvergne est exemplaire. Le ralliement au P«S» était organisé avant le lancement de la campagne. Les responsables d’EELV le clamaient ouvertement, eux qui dirigeaient déjà la région avec le P«S» et votaient avec lui. Les responsables du Parti de Gauche laissaient croire contre toute évidence que rien n’était encore décidé.

La solution de la fusion des listes est la pire de toutes. Il aurait été possible d’appeler simplement à voter P«S» sans mélanger nos noms à ceux de la «deuxième droite». Il suffisait d’expliquer aux électeurs que nous choisissions la moins pire des pires. Ils auraient compris.

Les partis ont choisi de gagner des élus plutôt que la clarté politique. Il suffisait d’exiger au moins une mesure politique forte comme le renoncement à la ligne Lyon-Turin ou la gratuité de certains services publics régionaux. Les électeurs auraient compris. Les partis ont choisi d’exiger des places suffisantes pour conserver les élus…

Cette capitulation a une apparence : celle de la défense d’une gauche unie face à l’extrême-droite. Cette capitulation a une réalité : la défense des logiques d’appareil (notamment la défense des élus), laquelle vieille spécialité du PCF s’étend aujourd’hui au PG, à EELV, etc. Cette capitulation conduit à tous les renoncements et à la mort du Front de gauche ou de son élargissement.

Une liste commune avec le PCF n’était officiellement pas possible au 1er tour sous prétexte de refus du cumul des mandats, mais cet obstacle majeur qui a divisé la gauche disparaît subitement au second tour à l’égard du PCF et du P«S».

Je fais aujourd’hui partie de toutes celles et de tous ceux qui à gauche se sentent trahis. Je ne voterai pas pour une liste qui laisse croire que le P«S» serait un bout de la solution. Le P«S» n’est pas du côté de la solution, il constitue une partie importante du problème.

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