Sur les traces de la « centaine de casseurs altermondialistes » aperçue samedi soir

DESINTOX. Dégradations mineures, ambiance festive… Plusieurs témoignages nuancent le récit d’une manifestation violente hier soir dans Paris.

Erwan Manac'h  • 13 décembre 2015
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Sur les traces de la « centaine de casseurs altermondialistes » aperçue samedi soir

18 h 27, ce samedi, la mobilisation des organisations écologistes est entièrement dispersée lorsqu’une alerte « push » réveil les smartphones de la marque à la pomme équipés de l’application de France Info :

Illustration - Sur les traces de la « centaine de casseurs altermondialistes » aperçue samedi soir
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Quelques minutes plus tard, sur son site, la radio livre des détails de source policière. Le ton est plus nuancé – la « centaine de casseurs altermondialistes » devient « 100 à 200 manifestants » – mais l’affaire reste inquiétante : des dégradations « auraient » été commises sur des distributeurs de billets, « notamment », dans la rue Bichat – une rue touchée par les attaques du 13 novembre. Deux semaines après la manifestation qui a dégénérée, place de la République, revoilà le spectre du « black bloc » profanateur de mémorial.

France Bleu 107.1 évoque de son côté des « distributeurs détruits » :

La « centaine de casseurs altermondialistes » est finalement dispersée, ajoute France Info peu après 19 h sur son compte twitter. Il n’y a pas eu d’interpellations.

Sur place, quelques tags et un distributeur en travaux

Peu avant 20 h, samedi soir, quelques dizaines de personnes réunies sur la place de la République livrent un tout autre récit. Ils racontent avoir été encerclés dans une rue proche de l’hôpital Saint-Louis. Leur manifestation était festive et pacifique, racontent-ils. Pour échapper à « la nasse » formée par les forces de l’ordre, ils confirment s’être introduits dans la cour de l’hôpital pour en ressortir aussitôt par une autre issue. Encerclés de nouveau sur les quais du canal Saint-Martin, ils ont été relâchés après un contrôle d’identité et ont terminé calmement leur manifestation sur la place de la République.

Dans les rues empruntées par le cortège, ce dimanche, les commerçants évoquent un rassemblement festif et joyeux. « C’était « peace » » , tranche un restaurateur pressé.

Bilan des dégradations : quelques messages anticapitalistes à la peinture rouge ; des traces de craie sur la chaussée… Et un distributeur en travaux tagué, à l’entrée de la rue de Sambre et Meuse, à quelques centaines de mètres du métro Belleville, point de départ du rassemblement. Une caméra de vidéosurveillance pend à son fil au dessus du distributeur.

Agence postale rue Sambre-et-Meuse.
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« La manifestation est passée calmement. Ils se sont arrêtés quelques temps devant la terrasse et n’étaient pas agressifs » , raconte un barman qui travaillait juste en face des distributeurs, hors service depuis le 3 décembre.

« Ils étaient assez nombreux et l’ambiance était festive », rapporte une témoin qui s’affaire dans un atelier d’artistes, quelques dizaines de mètres plus bas. « Une partie d’entre eux avait tout de même le visage en partie caché, mais je ne saurais pas dire si c’était pour se dissimuler ou pour se protéger du froid » , ajoute-t-elle. « On est quand même rentré, car ils n’étaient pas très rassurants », nuance une autre, qui raconte qu’une manifestante a fait tomber une poubelle, « pour empêcher la police de passer » .

« Ils n’ont fait que ça », relève aussi, philosophe, le serveur d’un restaurant sur lequel l’inscription « bobo dégage » est apparue après la manifestation.

Autre constat sur les lieux. La rue Bichat ne compte aucun distributeur de billets et aucune trace de dégradation n’était visible ce dimanche midi, hormis quelques cœurs rouges tagués sur les murs.

Fronton de l'hôpital saint louis, rue Bichat.
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Aucune alerte push n’a été envoyée dans la journée concernant les actions pacifiques qui ont réunies plusieurs milliers de personnes dans Paris, à l’appel des organisations écologiques.

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