Séries TV : Show me a hero…
Les séries politiques se multiplient. Les sujets et les modes de traitement explosent, généralement autour d’un personnage qui humanise l’exercice du pouvoir. Mais l’opération se fait-elle au profit des idées ?
dans l’hebdo N° 1388 Acheter ce numéro

Frank Underwood vous regarde au fond des yeux. Il s’adresse à vous. Il vous explique le coup politique, et personnel, qu’il s’apprête à faire. Cette connivence forcée par le regard caméra vous rend complice -d’Underwood-Kevin Spacey, personnage principal de la série américaine House of Cards (Beau Willimon). C’est un whip : celui qui veille à ce que les élus (les congressmen) du parti votent les projets du gouvernement. Un poste d’influent, d’intrigant, d’autoritaire…
Certains adorent : Underwood est un démocrate affreusement cynique (« La démocratie est tellement surestimée »), c’est l’antihéros assumé, l’ami détestable, le double inavouable, votre mauvaise conscience, voire votre fantasme sombre d’homme politique. D’autres détestent, se sentant prisonniers de cette intimité instaurée par l’adresse directe du personnage, avec des explications pas si édifiantes qui ont surtout pour effet de le rehausser lui, le maître du jeu. Sans compter que le machiavel devient carrément criminel. « Et cette scène où il urine sur la tombe de son père en prétendant se recueillir ? », s’offusque un spectateur.Ce pourrait être drôle si tout le personnage n’était pas une démonstration outrancière de duperie revendiquée comme ligne politique et personnelle. House of Cards, c’est presque une leçon de « comment garder le trône au royaume du “tous pourris” ? ».
Cette scène du cimetière résonne avec une autre. Dans Show Me a Hero (David Simon), à Yonkers, petite ville du New Jersey, dans les années 1980, Nick Wasicsko (Oscar Isaac) se rend sur la tombe de son père. Mais lui titube, rongé par des maux de ventre qui sont le reflet de ce qui grignote sa conscience. Élu maire (démocrate) à 28 ans, ce qui en fait le plus jeune à ce poste de l’histoire des États-Unis (Nick Wasicsko a réellement existé), il se retrouve à gérer un dossier explosif : la justice impose à la ville la construction de logements sociaux ailleurs que dans ses quartiers pauvres pour favoriser la mixité
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