Croissance : Quand s’éloignent les chimères
À la faveur de la crise mondiale, les partisans d’une « économie douce » gagnent en crédibilité. Mais certaines certitudes restent intangibles.
dans l’hebdo N° 1391 Acheter ce numéro

« Le culte de la croissance est ébranlé au sein même du conclave », écrivait l’économiste Jean Gadrey [^1] en janvier 2015. Doucement, des voix commencent en effet à s’élever parmi les pontes de l’économie capitaliste pour laisser entrevoir un langage différent. Les caricatures ont aussi perdu en intensité. Le « décroissant » n’est plus cet homme des cavernes, pessimiste maladif, qu’on brocardait autrefois. Les faits lui donnent même raison.
« Il faut réaliser que les quatre moteurs de la croissance, qui avaient tiré l’économie mondiale dans le passé, ont aujourd’hui disparu », écrivait début février l’économiste Patrick Artus, pour le compte de la banque Natixis, qu’on ne peut pas soupçonner d’accointances avec les décroissants. Les gains de productivité, qui permettaient de produire