L’authenticité du savon de Marseille en danger

Lacalmette Gabriel  • 23 février 2016
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L’authenticité du savon de Marseille en danger
© (1) Les Alpes-de-Haute-Provence, les Bouches-du-Rhône, le Var et le canton de Nyons et Baronnies.

La bataille fait rage. D’un côté, l’Union des professionnels du savon de Marseille, qui représente les savonneries provençales artisanales. De l’autre, les industriels, dont l’Occitane en Provence, représentés par l’Association des fabricants du savon de Marseille (AFSM). Ces derniers ont déposé en juin un dossier à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), pour tenter d’obtenir une Indication géographique protégée (IGP) « savon de Marseille », argument commercial considérable.

Selon les artisans, cette IGP serait désastreuse pour l’authenticité du produit, car elle pourrait permettre aux industriels de fabriquer en dehors des Bouches-du-Rhône tout en gardant l’appellation « savon de Marseille ». Le cahier des charges évoque en effet une « zone de savoir-faire » qui « englobe la région de Marseille et les départements voisins » (1).

Les artisans, qui ont déposé leur propre demande d’homologation, s’inquiètent également du manque de transparence sur le procédé de fabrication, considérant que le cahier des charges présenté par l’AFSM « ne respecte pas la recette originale » du célèbre cosmétique. Depuis plus de 160 ans, le savon de Marseille est fabriqué dans de grands chaudrons à base d’huile végétale et de soude. La version industrielle qui inonde déjà largement le marché pourrait, elle, contenir de l’huile de palme (lire sur Marsactu).

Soucieuse de préserver son patrimoine déjà fragile, le collectif Made in Provence a lancé une pétition en ligne recueillant plus de 100 000 signatures pour faire pression sur l’INPI, qui a terminé fin janvier son enquête publique. Le collectif a demandé la mise en place d’une authentique IGP qui « protège les savoir-faire ancestraux des savonneries provençales et les qualités de la recette authentique du savon de Marseille. »

© Politis

La soude et l’huile végétale sont mélangées dans un chaudron pouvant contenir jusqu’à 20 tonnes de matière. Le mélange est ensuite purifié, puis chauffé dix jours à 100 degrés. Photo : Salon-de-Provence 2013 AFP / BORIS HORVAT

Temps de lecture : 2 minutes
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