La défaite de Calais

Ingrid Merckx  • 8 mars 2016
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La défaite de Calais

« En refusant de nous entendre, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre de l’Intérieur, c’est vous qui nous avez perdus. Pour 2017 d’abord, puisque cette échéance semble être au cœur de toutes vos décisions. Vous nous avez perdus en transformant la situation calaisienne en enjeu national, là où il aurait été possible d’améliorer pragmatiquement la vie de tous ceux qui vivent sur place, migrants et calaisiens, en écoutant leurs expertises et celles des associations de terrain. Vous nous avez perdus en ne saisissant pas cette opportunité de renouer avec les valeurs humanistes et universalistes qui fondent notre République. Vous nous avez perdus avec le discours indécent de Manuel Valls à Munich contre la politique d’Angela Merkel qui sauve pourtant l’Europe du déshonneur. Vous nous avez perdus parce que vous avez menti et que vous avez usé de violence à l’encontre de ceux qui la fuient. Vous nous avez perdus alors même que sur les questions nationales vous trahissez, chaque jour un peu plus, les idéaux d’égalité et de justice sociale qui sont ceux de la gauche. »

« Monsieur le président… vous nous avez perdus ». François Hollande est prévenu : la « défaite de Calais », soit l’échec du gouvernement à trouver une solution digne pour les migrants réfugiés dans cette ville, c’est le coup de massue pour les 800 personnalités de la société civile signataires de l’Appel de Calais.

Le 21 octobre, cet appel réclamait des conditions de vie décentes pour les réfugiés et la création d’un camp humanitaire. Si celui-ci a finalement vu le jour, c’est à l’initiative de Médecins sans frontières, pas à Calais, mais à Grande-Scynthe. Ce camp, présenté comme le premier camp humanitaire de France, a accueilli ses premiers réfugiés le 07 mars. Mais il hébergera maximum 2000 personnes, quand près de 3000 migrants survivent dans la boue à Grande-Scynthe. Les autres seront « évacués » et iront grossir les autres petits camps qui naissent sur la côté. Cependant qu’à Calais, c’est la violence qui prévaut avec la destruction de la partie sud du camp.

Société
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