Le pouvoir turc met la presse au pas
Le premier quotidien de Turquie, Zaman, a été placé sous tutelle judiciaire.
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Un tribunal d’Istanbul a ordonné vendredi le placement sous tutelle judiciaire de Zaman, premier quotidien de Turquie. Cette décision de justice devrait se solder par la nomination de nouveaux administrateurs à la tête du groupe, également propriétaire de l’agence de presse Cihan.
Ce n'est pas une première en Turquie. En octobre 2015, un tribunal d'Ankara avait ainsi mis sous tutelle le groupe médiatique Koza-Ipek, confiant leur gestion à des administrateurs proches du pouvoir. Les médias de ce groupe sont aujourd'hui fermés.
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Les raisons invoquées ? Le groupe Koza-Ipek avait été accusé de faire la propagande de l'imam Fethullah Gülen, ancien proche du pouvoir, devenu l'ennemi juré d'Erdogan après un retentissant scandale de corruption. Aucune précision n'a encore été donnée pour justifier la mise sous tutelle du quotidien Zaman. Mais celui-ci est réputé, lui aussi, pour ses liens avec Fethullah Gülen.
Des dizaines de journalistes et de salariés se sont rassemblés au siège du quotidien pour dénoncer la censure de presse. Le rédacteur en chef Abdülhamit Bilici, a appelé «tous les démocrates à soutenir Zaman_»_.
Cette saisie intervient une semaine après la remise en liberté des journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, incarcérés trois mois pour avoir révélé la livraison d’armes turques à des rebelles islamistes en Syrie. Ils doivent cependant être jugés à la fin du mois, et risquent la prison à vie.
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Photo : AFP / OZAN KOSE