Une conception très extensive de la « haine anti-flic »

Vanina Delmas  • 17 mai 2016
Partager :
Une conception très extensive de la « haine anti-flic »
© Cyril Abad / Hans Lucas

La place de la République, à Paris, risque d’être sous tension mercredi 18 mai. Les policiers ont choisi ce lieu symbolique pour manifester, à partir de midi. Le 4 mai, Alliance (CFE-CGC), le premier syndicat de gardiens de la paix, a lancé un appel « Stop à la haine anti-flic » et a rapidement été rejoint par l’ensemble des organisations syndicales. Seule Unité police SGP-FO ne sera pas présente, sur décision de la préfecture de police.

En appelant une manifestation contre la violence anti-flic, certains syndicats policiers utilisent la même stratégie du gouvernement quand celui-ci, avec l’aide des médias dominants, met en avant la violence des « casseurs  »

Dans un long communiqué, le syndicat Sud-Intérieur dénonce le message diffusé par les organisateurs de cette manifestation. Notamment le corporatisme exacerbé des forces de l’ordre qui a pour but de « jeter de l’huile sur le feu » :

Sud-Intérieur, qui représente une partie des fonctionnaires de la place Beauvau, décrypte également le message nébuleux d’un des tracts d’Alliance qui met sur le même plan les incendies de véhicules de service, les attaques de commissariats, les caillassages avec la parole des journalistes et des experts. « Après le feu des balles il vous faut supporter le feu médiatique des « experts » », lit-on sur ce tract.

Ainsi, quand un média ou un expert soulève un problème dans une intervention, une erreur dans une enquête ou une faille dans la surveillance, c’est une violence, note Sud intérieur. En fait, pour ce syndicat, l’exercice démocratique du métier de journaliste est une violence contre la police.

En réplique à la manifestation convoqué par Alliance, le collectif Urgence, notre police assassine appelle à se rassembler dès 11 heures à République, et une manifestation contre les violences policières doit également avoir lieu à 18 heures.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives
Reportage 6 décembre 2025 abonné·es

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives

Sur la plage de Gravelines, lieu de départ de small boats vers l’Angleterre, des militants d’extrême droite britannique se sont ajoutés vendredi 5 décembre matin aux forces de l’ordre et observateurs associatifs. Une action de propagande dans un contexte d’intimidations de l’extrême droite. Reportage.
Par Pauline Migevant et Maxime Sirvins
« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN
Récit 5 décembre 2025

« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN

À chaque événement public où se trouve Daniel Grenon, la militante d’Extinction Rebellion brandit une pancarte rappelant que « le racisme est un délit ». Un acte pour lequel elle a été convoquée plusieurs fois au commissariat et reçu un avertissement pénal probatoire.
Par Pauline Migevant
Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats
Analyse 5 décembre 2025 abonné·es

Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats

Après avoir qualifié son enfarinement de « non-événement », Jordan Bardella et des députés du Rassemblement national ont été jusqu’à interpeller le ministre de l’Éducation nationale pour infamer les « syndicats d’extrême gauche » qui encourageraient « la violence politique ».
Par Pauline Migevant
À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État
Reportage 5 décembre 2025 abonné·es

À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État

Plus de 3 200 jeunes étrangers attendent en France qu’un juge reconnaisse leur minorité. Pendant des mois, ces adolescents vivent à la rue, sans école ni protection. À Rennes, des bénévoles tentent de combler les failles d’un système qui bafoue les droits fondamentaux de l’enfant.
Par Itzel Marie Diaz