Adama Traoré : Le rapport d’autopsie dévoilé

Le jeune homme décédé durant son interpellation était atteint d’une grave infection selon le rapport d’autopsie.

AFP  et  Chloé Dubois (collectif Focus)  • 21 juillet 2016
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Adama Traoré : Le rapport d’autopsie dévoilé
© Photo d'illustration : LIONEL BONAVENTURE / AFP

Alors que des violences urbaines ont éclaté pour la deuxième nuit consécutive dans plusieurs communes du Val-d’Oise, après le décès d’un jeune homme de 24 ans survenu lors de son interpellation par la gendarmerie, le rapport d’autopsie conforte les explications du procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier. Si des « égratignures », considérées comme non-significatives, ont été signalées par le médecin légiste, les conclusions de l’examen démontre qu’Adama Traoré était atteint « d’une infection très grave », « touchant plusieurs organes ». Une « cause médicale chez un sujet visiblement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours », a également ajouté le procureur.

Interpellé mardi après-midi pour s’être interposé durant l’arrestation de son frère suspecté dans une affaire d’extorsion de fonds, le jeune Adama aurait « fait un malaise pendant le trajet dans le véhicule », a indiqué Yves Jannier mercredi, précisant que les pompiers étaient intervenus, sans toutefois parvenir à le réanimer.

Rapidement relâché, le frère de la victime a immédiatement contesté la version de la gendarmerie évoquant alors un « malaise cardiaque ». Selon son témoignage, Adama aurait été « tabassé » par les forces de l’ordre durant son transfert à la caserne de Persan. Une « bavure » selon la famille de la victime qui, par ailleurs, a été empêchée de voir le corps jusqu’à aujourd’hui.

Dès mardi soir, des échauffourées impliquant une centaine de personnes ont été signalés dans les communes voisines de Beaumont-sur-Oise, Persan et Bruyères-sur-Oise. Des affrontements entre de nombreux jeunes en colère et des forces de l’ordre armées de flashball qui se sont répétés dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon le directeur de cabinet du préfet, Jean-Simon Mérandat, près de deux cent personnes auraient participé à cette nuit de violence, qui s’est finalement soldée par neuf arrestations pour des faits « d’attroupements armés, incendies volontaires et jets d’objets incendiaires sur les forces de l’ordre ».

Demain, vendredi 22 juillet, une marche silencieuse devrait être organisée à Beaumont-sur-Oise en mémoire du jeune homme, mais aussi dans l’intention d’alerter sur les violences policières et de réclamer « justice ».

De son côté, le Défenseur des droits Jaques Toubon a affirmé qu’il allait enquêter sur les circonstances de ce décès. « Un seul objectif doit prévaloir, partagé par toutes les personnes impliquées : la recherche de la vérité », a-t-il indiqué dans un communiqué, lançant également un appel au calme. Deux enquêtes sont menées parallèlement par la section de recherches et l’inspection générale de la gendarmerie.

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