
L’affaire est entendue : Macron est un traître et Hollande est cocu.
Le Président sortant a réchauffé un serpent en son sein. Que ne s’en est-il tenu, dans la distribution des postes, des grâces et des prébendes, à cet entourage éprouvé des vieux condisciples de la célèbre promotion Voltaire de l’ENA ? Pourquoi a-t-il cru habile d’aller chercher ce jeune loup atypique dans le milieu bancaire pour — d’évidence — le mettre en concurrence avec un Manuel Valls d’une ambition à bouffer la moquette et qu’il entendait bien tenir en lisière jusqu’à fin de son deuxième mandat (après, que le Catalan vive sa vie, ce ne sera plus son affaire) ?
On dit François Hollande sans affect.
Le lâchage d’un homme qui, pourtant, « sait ce qu’il lui doit », ne devrait donc pas le bouleverser outre mesure : il connaît trop les arcanes, les chausse-trappe et les vices d’une vie politique qu’il a parcouru de bout en bout pour en être chamboulé. Mais, d’évidence, la démission de son ministre de l’économie et sa probable candidature à l’élection suprême le laisse plus isolé et encore plus affaibli qu’il n’était déjà, réduit plus que jamais à la méthode Coué : “Ça va mieux ! », répète-t-il dans son miroir en se rasant le matin et à chaque occasion de rencontre avec les Français — qu’il entend bien multiplier jusqu’au printemps prochain et décisif. Le ratissage électoral, il connaît mieux que personne.
Donc, le constat est général, dans le microcosme qui fait l’opinion : Macron, c’est Brutus ; et notre César de poche, déjà privé de « son aile gauche » (Montebourg, Hamon, Lienemann, Filoche), désormais amputé de « son aile droite », est condamné à se traîner sanglant sous les ors du Palais jusqu’à sa mort, désormais certaine. Un conseil, disent les bons apôtres : « Ne vous représentez pas ! »
Et si l’on se trompait ?
Si, tout au contraire, Emmanuel Macron, fidèle comme le housard du général Hugo (« donne lui tout de même à boire … »), ne le servait encore en donnant à croire qu’il le trahit ?
Je formule cette hypothèse (hardie, j’en conviens !) en précisant bien qu’elle n’est qu’une hypothèse, pas une prédiction, car comme le dit Woody Allen : « rien n’est plus hasardeux que les prédictions, surtout quand elles concernent l’avenir. »
(A suivre)
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