Forum social mondial 2016 : Entre questions et innovations

Malgré une affluence en berne, le Forum social mondial de Montréal aura montré des avancées et un renouvellement dont la portée pourrait être déterminante.

Patrick Piro  • 24 août 2016
Partager :
Forum social mondial 2016 : Entre questions et innovations
© Photo : CLEMENT SABOURIN/AFP

Qui peut encore inviter le monde à la maison ? Le Forum social mondial (FSM) avait fait le pari, sur l’insistance de jeunes militants québécois, de tenir chapiteau pour la première fois dans une ville du Nord. Le rendez-vous biennal de la mouvance altermondialiste planétaire, né en 2001, s’était tenu jusqu’alors au Brésil, en Inde, au Kenya, au Venezuela, au Mali, au Pakistan, au Sénégal et en Tunisie, avec une affluence approchant les 300 000 participants à Belém (Brésil) en 2009. Le FSM 2016 de Montréal en espérait 50 000, il a modestement attiré 35 000 personnes.

Sévère, la comparaison chiffrée est pourtant limitée. Le rassemblement a eu lieu pendant les vacances d’été, pour des raisons climatiques et logistiques, ce qui a contribué à diminuer l’affluence. Mais, surtout, les nombreux refus de visas et le manque de subsides ont clairsemé les rangs des participants du Sud. Le FSM aura vérifié, dans toute sa rudesse, la loi de la dissymétrie planétaire : Dakar est une ville plus accessible et moins chère pour les étrangers que Montréal. Pour autant, il n’y a pas de quoi renoncer à des forums dans le Nord, où les besoins de mobilisation sont aussi patents qu’au Sud. Car la petite santé du rassemblement reflète d’abord la baisse d’influence actuelle des mouvements qui le composent face au durcissement du monde libéral.

Néanmoins, au-delà des thèmes historiques de l’altermondialisme (économie solidaire, écologie, justice sociale, etc.), le Forum social mondial de Montréal aura montré des avancées et un renouvellement dont la portée pourrait être déterminante pour la suite : un processus d’organisation très participatif, une forte implication de la jeunesse, l’expression des peuples autochtones ou encore la présence systématique des femmes aux avant-postes.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui
Monde 25 avril 2025

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui

Comment se positionne l’Algérie dans la recomposition du monde ? Comme de nombreux pays européens et africains, avec ses forces et ses faiblesses, l’Algérie cherche sa place.
Par Pablo Pillaud-Vivien
En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
Reportage 23 avril 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »

Depuis le début de la guerre, les raids de l’armée israélienne s’intensifient dans le nord du territoire occupé. Dans les camps de réfugiés palestiniens de Jénine et Tulkarem, près de 50 000 personnes ont été poussées hors de leurs maisons, sans possibilité de retour. À Naplouse, les habitants craignent de subir le même sort.
Par Louis Witter
« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »
Entretien 23 avril 2025 abonné·es

« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »

Le député communiste de la Knesset Ofer Cassif revient sur l’annexion de la Cisjordanie, le génocide à Gaza et l’évolution de la société israélienne.
Par Louis Witter
L’État binational, une idée juive
Analyse 23 avril 2025 abonné·es

L’État binational, une idée juive

L’idée d’un État commun a été défendue dès 1925, par l’organisation Brit Shalom et par des prestigieux penseurs juifs, avant de s’évanouir au profit d’une solution à deux États. Mais cette dernière piste est devenue « impraticable » au regard de la violente colonisation perpétrée à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés aujourd’hui. Quelle autre solution reste-t-il ?
Par Denis Sieffert