Le dernier rempart

Malgré l’absence de véritable débat sur les Accords de partenariat économique, la classe politique semble disposée à leur faire barrage dans plusieurs pays.

Erwan Manac'h  • 31 août 2016 abonné·es
Le dernier rempart
© Photo : DANIEL REINHARDT / DPA

Les Accords de partenariat économique (APE) butent encore, dans de nombreux pays, sur l’étape du vote des -Parlements pour une ratification. C’est la dernière chance pour la société civile de faire barrage à ces traités.

Au Sénégal, la coalition « Non aux APE » tente de faire renaître l’important mouvement d’opposition qui avait pesé sur les négociations à la fin des années 2000. « On sillonne le pays et on essaye de faire pression sur les parlementaires », relate Guy Marius Sagna, coordinateur du mouvement. Pas moins de 84 personnalités du monde universitaire, syndical, politique ou associatif ont lancé, mi-juillet, une pétition contre ces APE. Plusieurs petites manifestations, non déclarées, ont été réprimées par les forces de l’ordre, et treize personnes ont été emprisonnées pendant quelques heures à leur suite. « Nous ignorons totalement le calendrier du processus de ratification. Tout se déroule dans l’opacité la plus totale. Les APE sont une apocalypse économique et sont précédés d’une éclipse démocratique »,s’offusque le militant.

Au Nigeria, c’est davantage le secteur privé qui a convaincu le gouvernement de ne pas ratifier l’accord que ce dernier avait pourtant signé en 2014. Le gouvernement tanzanien, quant à lui, a commandé sa propre expertise et vient également de mettre un sérieux coup d’arrêt aux négociations en refusant de signer le projet d’accord.

Plusieurs ONG européennes suivent également ce dossier et tentent de mobiliser à l’occasion du vote du Parlement européen, en septembre, sur la ratification des APE avec l’Afrique de l’Ouest. Une pétition a été mise en ligne par Peuples solidaires, mais elle peine encore à multiplier les signatures. Cependant, la forte mobilisation contre le traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis (Tafta) a prouvé que la technicité et l’opacité des négociations commerciales n’étaient pas un obstacle insurmontable pour les mouvements citoyens. Le Président de la Commission Commerce du Parlement européen et le Conseil de l’Europe envisagent par ailleurs de reporter au 1er février 2017 la date butoir pour la ratification des APE par les pays africains.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »
Entretien 1 décembre 2025 abonné·es

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »

Alors que l’AfD vient de refonder son organisation de jeunesse à Gießen, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bloqué la ville pour tenter d’empêcher la tenue du rassemblement. Pour la germaniste et historienne Valérie Dubslaff, cette séquence s’inscrit dans la continuité des grandes mobilisations de 2024.
Par Maxime Sirvins
En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite
Reportage 1 décembre 2025

En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite

Près de 50 000 personnes venue de tout le pays se sont rassemblées ce week-end à Gießen pour empêcher le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) de reformer sa faction jeune, auto-dissoute huit mois plus tôt.
Par Camille Tribout
À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations
Monde 28 novembre 2025 abonné·es

À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations

Un an après la crue meurtrière d’octobre 2024, les habitants de Paiporta sont amers de la gestion de la tragédie par les autorités qui a dévasté la ville. Le parti d’extrême droite Vox a su tirer parti de ce désarroi.
Par Pablo Castaño
En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre