Et si on élevait le débat !

Plus la présidentielle approche, plus le débat s’embourbe. Mais la gauche sait bien qu’elle a tout à gagner à parler des vrais problèmes.

Pauline Graulle  • 7 septembre 2016
Partager :
Et si on élevait le débat !
© Photo : SAEED KHAN / AFP

On espérait que la rentrée aiderait à oublier ce lamentable été passé à gloser sur le burkini (et les Pokémons). Hélas, plus la présidentielle approche, plus le débat s’embourbe dans la dévastatrice problématique identitaire.

Or, il y a de quoi s’inquiéter. D’abord parce qu’à voir les Français plus bêtes qu’ils ne sont – le niveau d’éducation n’a jamais été aussi élevé – on les transforme en idiots véritables. Ensuite parce que l’extrême droitisation des débats ouvre un boulevard à Nicolas Sarkozy et à Marine Le Pen. Enfin parce qu’à trop parler de maillots de bain on oublie l’essentiel : le réchauffement climatique, le chômage, le terrorisme… Autant de maux qui, eux, ne souffrent pas qu’on perde son temps dans de fétides polémiques.

La gauche – la vraie – sait bien qu’elle a tout à gagner à parler des vrais problèmes. Remettre l’écologie et le social à l’agenda politico-médiatique lui permettrait de montrer qu’elle a des solutions crédibles à apporter. Mais comment faire pour relever le niveau ? De Jean-Luc Mélenchon aux Verts et aux frondeurs du PS, tout le monde sent bien que la mobilisation contre la loi travail a ouvert une brèche. Mais personne n’a jusqu’ici réussi à imposer ses thèmes – il n’y avait qu’à voir la mine consternée des chroniqueurs de l’émission « On n’est pas couché », samedi, sur France 2, quand Benoît Hamon a défendu la réduction du temps de travail.

Résultat, à l’étranger, le « pays des droits de l’homme » est de plus en plus moqué, incompris, voire haï pour son islamophobie. Et, ici, les citoyens seront bientôt des millions à ne plus vouloir cautionner par leur vote ce spectacle politique honteux. Élever le débat est donc l’urgence vitale. Il y va de la survie de la démocratie.

Société
Publié dans le dossier
Et si on élevait le débat !
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »
La Midinale 12 septembre 2025

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »

Safia Dahani, docteure en science politique, co-directrice de l’ouvrage Sociologie politique du Rassemblement national aux Presses universitaires du Septentrion, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre
Décryptage 11 septembre 2025 abonné·es

Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre

Plus de 200 000 personnes se sont mobilisées ce 10 septembre. Des chiffres qui dépassent largement les estimations du gouvernement, même si cela reste peu en comparaison de la lutte contre les retraites. Un tremplin vers la mobilisation intersyndicale du 18 septembre ?
Par Pierre Jequier-Zalc
« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »
Entretien 11 septembre 2025 abonné·es

« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »

Historienne et spécialiste des mouvements sociaux et des mobilisations féministes, Fanny Gallot appelle à « désandrocentrer » le travail pour appréhender la diversité du secteur reproductif, aujourd’hui en crise.
Par Hugo Boursier
10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »
Analyse 11 septembre 2025 abonné·es

10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »

Le 10 septembre devait rassembler tout le monde. Pourtant, les jeunes des quartiers populaires étaient peu représentés. Absents ou oubliés ? Dans les rassemblements, au sein des associations et pour les jeunes eux-mêmes, la question s’est posée.
Par Kamélia Ouaïssa et Pauline Migevant