L’image et l’imaginaire

Les éditions Capricci retracent un siècle d’histoire du cinéma d’animation. Voyage au centre de prouesses techniques, esthétiques, poétiques…

Ingrid Merckx  • 7 septembre 2016 abonné·es
L’image et l’imaginaire
© Photo : Kobal/The Picture Desk/AFP.

Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins, les codirecteurs de cet ouvrage collectif, ont opté pour la présentation chronologique : de Fantasmagorie (Émile Cohl, 1908) au Garçon et le Monde (Alê Abreu, 2013). Le Cinéma d’animation en 100 films s’interrompt juste avant des splendeurs récentes comme Les Amants électriques (Plympton, 2014) ou Tout en haut du monde (Chayé, 2016). Même si, pour attaquer cette attractive somme, le réflexe serait plutôt de se précipiter sur les chapitres consacrés à ceux qui hantent chaque petite cinémathèque intérieure.

Ce ne sont pas les cent meilleurs films d’animation du siècle qui ont été choisis, ni les plus grands succès, mais ceux qui posent les jalons d’une histoire mondiale du cinéma d’animation. Ainsi, Skeleton Dance-La Danse macabre pourrait étonner les détracteurs de Disney : on est plus proche de L’Étrange Noël de Monsieur Jack (1993) que de l’american dream aseptisé du géant… Dans ce chapitre, Philippe Moins met l’accent sur la manière dont Disney a attaché l’animation à la musique depuis la déferlante du cinéma sonore avec Le Chanteur de jazz (1927). Un processus qui culmine avec Fantasia (1940) et dont témoignent les infatigables Aristochats ou Livre de la jungle.

Astro Boy, Le Sous-Marin jaune, Les Shadoks, La Planète sauvage, Kirikou, La Prophétie des grenouilles, U, Persepolis, Muto… Ce (gros) livre permet de replonger dans la magie d’un film resté gravé dans les mémoires, de croiser ou de confronter ses souvenirs avec une page de l’histoire de cet art et de sauter de découvertes esthétiques en découvertes techniques et géographiques. Le Roi et l’Oiseau de Grimault (et -Prévert, 1979), ses architectures, ses surgissements surréalistes, le rôle de la peinture et de la musique en font le premier dessin animé à obtenir le prix Louis-Delluc.

L’année 1988 est à marquer d’une pierre blanche avec trois films majeurs présentés dans ce livre. Mon Voisin Totoro -(Miyazaki), qui occupe une place unique dans l’animation japonaise pour l’équilibre trouvé entre ordinaire et extraordinaire. Le Tombeau des Lucioles (Takahata), « film limite » « parce qu’il touche droit le spectateur et attise sa révolte légitime contre l’inacceptable ». Et Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Zemeckis), qui raconte une sombre histoire policière en mêlant personnages réels et personnages animés « dans un même espace fictionnel ».

Avec Perfect Blue (Satoshi Kon, 1997), sur le thème de la confusion mentale, l’animation prouve son incroyable pouvoir de représentation. Une exploration à poursuivre notamment avec un autre ouvrage : Cinéma d’animation, au-delà du réel

Le Cinéma d’animation en 100 films, sous la direction de Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins, Capricci, 252 p., 30 euros.

Cinéma d’animation au-delà du réel, Xavier Kawa-Topor, Capricci, 92 p., 8,95 euros.

Culture
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