Police : des plaintes et des abus
Le mouvement des policiers traduit un fort malaise au sein de la « maison ». Mais il témoigne aussi de l’impunité dont jouit trop souvent cette institution en France.
dans l’hebdo N° 1425 Acheter ce numéro

Imagine-t-on une manifestation syndicale contre la loi travail se pointer sous les grilles de l’Élysée, de nuit, aux cris de « Cazeneuve, démission ! », sans aucune répression ? C’est pourtant ce qui s’est produit à plusieurs reprises au cours des récentes mobilisations de policiers. Sans autorisation et sans implication des organisations syndicales, dans de nombreuses villes de France, les manifestations se multiplient depuis plus d’une semaine. Expression d’un malaise certain dans la police, elles se déroulent dans un environnement hors norme, sans contrôle ni encadrement -réglementaires : des conditions dont nul autre corps de métier n’aurait pu bénéficier.
Si l’un des slogans les plus entendus est « Citoyens, avec nous ! », force est de constater que la police vit comme un corps à part dans la société française, en marge de la population. L’abandon de la police de proximité et la politique du chiffre décidés en son temps par Nicolas Sarkozy n’ont fait qu’accentuer cette distance.
Certes, c’est la violente attaque au cocktail Molotov de policiers à Viry-Châtillon (Essonne) qui a été à l’origine des actuelles mobilisations. Mais les tensions entre police et population ne sont pas une nouveauté. De nombreux chercheurs soulignent en effet cette exception française. Une récente enquête mesurant le niveau de confiance des citoyens vis-à-vis de leur police dans 22 pays d’Europe occidentale donne la France… à la 22e place ! En 2014, une longue étude dirigée par