Lanceurs d’alerte : bilan mitigé pour la loi Sapin

La définition « étriquée » du lanceur d’alerte pourrait aboutir à l’inverse de l’effet protecteur escompté.

Politis  • 9 novembre 2016 abonné·es
Lanceurs d’alerte : bilan mitigé pour la loi Sapin
© Photo : Berliner Verlag / Steinach / ZB / DPA / AFP

La loi Sapin 2, que l’Assemblée a adopté mardi, crée un statut de « lanceur d’alerte » protégé par le Défenseur des droits. Mais sa définition « étriquée » pourrait aboutir à l’inverse de l’effet protecteur escompté, s’inquiètent les parlementaires de gauche et une association de lanceurs d’alerte. Ces derniers devront prévenir en premier lieu leurs ­supérieurs hiérarchiques avant d’alerter la justice et enfin, si ces deux voies sont bouchées, avertir les médias.

Le Sénat avait également restreint le droit d’alerte aux « préjudices graves » avérés, excluant les « menaces ». Le dernier mot revenait à la commission mixte paritaire, mardi 8 novembre.

Mise à jour, 10 novembre 2016 : Au terme des ultimes discussions, l’Assemblée nationale est revenue sur plusieurs points adoptés par le Sénat, contribuant au soulagement des associations qui suivent ce dossier. La « menace pour l’intérêt général » réintègre le droit d’alerte. La possibilité d’une prise en charge des frais de procédure judiciaire du lanceur d’alerte, par le Défenseur des droits, réapparaît également. « La loi crée un statut général du lanceur d’alerte conforme aux standards internationaux et à nos principes directeurs », s’est réjoui Transparency international, le 9 novembre.

La CGT et la CFDT saluent la création de ce statut, mais déplorent l’exclusion des syndicats dans la procédure de signalement de l’alerte.

La loi Sapin II crée également des « transactions pénales » qu’une entreprise poursuivie pour corruption ou blanchiment de fraude fiscale pourra signer avec la justice en échange de l’abandon des poursuites. Une « agence française anticorruption » est également créée, ainsi qu’une obligation, pour les grandes entreprises, de rendre publiques leurs données fiscales pays par pays, afin de permettre le contrôle citoyen sur les pratiques d’optimisation fiscale.

Société Politique
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