Alep : Face à l’immobilisme, Paris prend les devants

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a renouvelé son soutien aux Aleppins hier à l’occasion du départ d’un convoi humanitaire pour Alep du parvis de l’Hôtel de ville, aux côtés de l’Union des organisations de secours et soins Médicaux (UOSSM).

Mathieu Ait Lachkar  • 16 décembre 2016
Partager :
Alep : Face à l’immobilisme, Paris prend les devants
© Photo illustration : Mustafa Sevgi / ANADOLU AGENCY.Photo texte : Mustafa Sevgi / ANADOLU AGENCY.

Sophia Aram (France-inter), Aida Touhiri (France télévisions), Yannick Jadot (candidat à la présidentielle pour Europe écologie les verts), mais aussi Marina Carrère d’Encausse et Benoit Thevenet du magazine de la santé sur France 5, ainsi que le photographe aléppin Zakaria Abdelkafi, tous sont venus apporter leur soutien à Alep sur le parvis de l’Hôtel de ville (IVe arrondissement de Paris).

Cette fois-ci, l’action est venue se joindre aux mots, puisqu’un convoi humanitaire composé de deux camions chargés de matériel et d’équipements médicaux est parti de la mairie de Paris pour rejoindre la ville martyre. Avant d’arriver dans la capitale, les camions ont réalisé un « tour de France » afin de récolter des équipements médicaux et des médicaments, notamment à Montpellier et à Saint-Étienne. Sur la route, ils rejoindront le convoi anglais du « People’s Convoy » à Calais, pour ensuite traverser l’Europe jusqu’en Turquie et acheminer le matériel jusqu’à la région d’Alep.

L’association souhaite acheminer 20 tonnes de médicaments, et autre matériel, d’une valeur de 400  000 euros. Pour cela, elle a lancé une campagne de collecte de dons.

« Nous ne pourrons pas dire que nous n’étions pas au courant »

Homedan Chadi, médecin biologiste au CHU d’Angers et membre de l’UOSSM commence par prendre la parole. Il explique que ce convoi humanitaire a deux vocations : à la fois, aider, mais aussi profiter du sursaut européen pour faire passer un message. « Nous ne pourrons pas dire que nous n’étions pas au courant. » Ce message reviendra comme un leitmotiv tout au long des prises de parole. Anne Hidalgo a tenu à alarmer l’opinion :

100  000 personnes sont en train de quitter Alep. Ça équivaut aux 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements de Paris.

Parmi les autres témoignages poignants, celui de Zakaria Abdelkafi. « Mon frère est toujours entre les mains du régime pour avoir eu le malheur de transporter du matériel médical. On a besoin d’aide », explique-t-il.

© Politis

En ce qui concerne les politiques, seul Yannick Jadot est venu s’exprimer. Le candidat d’EELV s’est montré très véhément : « Le mot d’ordre de Poutine aujourd’hui est celui-ci : « Vous voulez des révolutions, vous aurez la guerre, vous voulez plus de liberté, vous aurez la mort » », a-t-il lancé. « On souhaite la mise en place de sanctions personnalisées contre les complices de crimes contre l’humanité. Il faut cartonner l’oligarchie poutinienne. »

Les Parisiens sont également venus nombreux pour assister à ce départ. Pour Fanny, 33 ans, être présente en ce jour symbolique, c’est « une manière de faire quelque chose tant on se sent impuissant face à tout ça ». Au-dessus de la foule flottent les drapeaux des révolutionnaires iraniens. Eux aussi sont venus se joindre au rassemblement. Moussa, 60 ans et membre du Conseil national de la résistance iranienne, explique être venu « soutenir les Syriens, car c’est le même combat. Nous tenons également à préciser que nous sommes contre la présence des forces iraniennes en Syrie ».

Après la visite du maire d’Alep Est, Brita Hagi Hasan, la semaine dernière, Anne Hidalgo s’est engagée dans une série d’actions. Parmi lesquelles un courrier transmis au Pape pour lui demander d’intervenir en faveur d’une solution de paix en Syrie, une banderole installée sur la façade de l’Hôtel de ville pour manifester la solidarité des Parisiens et un courrier adressé au congrès mondial des maires (CGLU) pour les inviter à mener eux aussi des actions de soutien.

De son côté, l’UOSSM espère que ce convoi n’est que le premier d’une longue série, et continue d’appeler à la solidarité des citoyens français pour Alep.

Monde
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Les défis immenses de la nouvelle Syrie
Monde 8 janvier 2025 abonné·es

Les défis immenses de la nouvelle Syrie

Depuis le renversement rapide et inattendu du clan Assad, un gouvernement de transition a été mis en place sous le contrôle des islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham. Après plus de treize années de guerre, les nouveaux maîtres de Damas se retrouvent à la tête d’un pays déchiré et exsangue. Tout est à reconstruire.
Par Céline Martelet
À Gaza, une guerre contre les enfants, l’éducation et la santé
Monde 16 décembre 2024

À Gaza, une guerre contre les enfants, l’éducation et la santé

La guerre à Gaza a plongé la région dans une crise humanitaire sans précédent, où les enfants paient un lourd tribut. Privés de sécurité, d’éducation et de soins, ils grandissent dans un quotidien marqué par la violence et la privation, menaçant l’avenir de toute une génération.
Par Osama Albaba
Syrie : à Damas, l’espoir et l’incertitude de l’après Al-Assad
Reportage 11 décembre 2024 abonné·es

Syrie : à Damas, l’espoir et l’incertitude de l’après Al-Assad

La population exprime son soulagement depuis la libération de la capitale syrienne, le 8 décembre, après cinquante-quatre ans de domination de la famille Al-Assad. Dans une ambiance chaotique, l’euphorie et l’incertitude se mêlent aux découvertes macabres de la prison de Saidnaya. 
Par Hugo Lautissier
En Cisjordanie, l’accaparement des terres palestiniennes
Reportage 11 décembre 2024 abonné·es

En Cisjordanie, l’accaparement des terres palestiniennes

Alors que tous les yeux sont rivés sur Gaza, Israël a mis un coup d’accélérateur à son projet colonial. En 14 mois, les implantations se sont multipliées, des colonies ont été légalisées et la violence des colons reste impunie.
Par Alice Froussard