Ils ont récupéré leur usine

Erwan Manac'h  • 7 décembre 2016 abonné·es
Ils ont récupéré leur usine
© Photo : BORIS HORVAT / AFP
Dita : une lutte devenue symbolique

À Tuzla, dans l’est de la Bosnie, région sinistrée par la guerre et la désindustrialisation, l’usine de détergents Dita est devenue un symbole.

Au cœur d’une crise sociale particulièrement brutale, 74 travailleurs sont parvenus à arracher en mars 2015 le droit de reprendre la production en autogestion. Leur combat a débuté en 2011 par une grève pour réclamer le versement de plusieurs mois de salaires non payés. Ils ont ensuite dû bloquer le site pendant deux ans après la fermeture de l’usine pour éviter son démantèlement : l’ancien propriétaire l’avait hypothéquée pour contracter un prêt qu’il n’a jamais honoré. Il leur a enfin fallu batailler pendant quatre ans en justice pour être autorisés à produire de nouveau. Ils ont fini par reprendre les commandes d’une usine dans un état déplorable, pour commencer à réamorcer une activité.

« Le premier mois, nous avons travaillé 24 h sur 24, sans même en tirer de quoi nous nourrir », raconte Emina Busuladzic, responsable de la recherche chez Dita et principale animatrice du mouvement. Une première commande d’une importante chaîne de supermarchés a finalement permis la commercialisation d’une marque de produit vaisselle. La mobilisation des consommateurs, sensibilisés par la médiatisation de la lutte, a fait le reste.

L’usine ouverte en 1975, qui employait jadis jusqu’à 800 personnes, tourne aujourd’hui à 10 % de sa capacité. Chacun des 74 travailleurs se paye au salaire minimum, environ 170 euros par mois, et le paiement des cotisations sociales leur ouvre désormais le droit à l’assurance maladie et à la retraite. Huit anciens salariés ont ainsi pu partir à la retraite depuis la relance de l’activité. Mais, avec dix-huit

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Économie
Temps de lecture : 8 minutes