Italie : Ciao bello !

Le résultat du référendum de ce dimanche 4 décembre est plus que sévère pour Matteo Renzi, qui avait mis sa démission dans la balance.

Olivier Doubre  • 7 décembre 2016 abonné·es
Italie : Ciao bello !
© Photo : Andreas SOLARO/AFP

La sanction est sans appel. Le résultat du référendum de ce dimanche 4 décembre est plus que sévère pour Matteo Renzi, car directement dirigé contre lui. Avec sa démission dans la balance en cas d’échec, il faut lui reconnaître qu’à l’instar de David Cameron au lendemain du « Brexit » il a tenu parole – même si le Président Mattarella lui a demandé de rester en fonction quelques jours jusqu’à l’approbation de la loi de finances. Pour autant, comme il est fréquent, l’issue de la consultation référendaire fut moins une réponse à la question posée qu’un rejet de son initiateur.

Avec une forte participation (près de 66 % des inscrits), 59,1 % des électeurs ont rejeté ce qui devait être la plus importante révision jamais tentée de la Constitution votée en 1947 par les formations issues de la Résistance, portant sur pas moins de 47 articles sur 139 ! Seules trois régions ont vu le « oui » arriver en tête : le Trentin-Haut-Adige, l’Émilie-Romagne, bastion historique, aux fortes sections disciplinées et légitimistes du Parti démocrate (PD), tenu par le Premier ministre, et la Toscane, place forte de ce parti et fief de Renzi, mais dont plusieurs provinces ont voté « non », en particulier les plus ancrées à gauche, comme celle de Livourne. Notons aussi le cas de l’Ombrie, troisième région « rouge » depuis 1945, qui a majoritairement refusé de suivre Matteo Renzi.

Partout ailleurs, le « non » est majoritaire, du Sud conservateur au Nord fortement tenté par les xénophobes autonomistes de la Ligue du Nord, partout bousculés par le Mouvement 5 étoiles (M5S) de l’humoriste Beppe Grillo en embuscade, populiste et anti-système, adepte de coups de gueule tous azimuts, anti-européen et anti-migrants d’un côté, écologiste et anti-corruption de l’autre. Il oscille toujours dans les sondages entre 25 % et 30 % des voix, et a été moteur d’une bonne part du camp du « non »…

Les conséquences de ce scrutin, dont à court terme se réjouissent les gauches pour s’être débarrassées de Matteo Renzi, sont néanmoins difficiles à prévoir. Si le Président Mattarella devrait très vite dissoudre le Parlement et nommer un « gouvernement technique » de hauts fonctionnaires pour gérer les affaires courantes d’ici aux législatives, la droite apparaît fortement divisée et désorganisée. En dehors du puissant M5S de Grillo, qui toutefois se refuse à toute alliance au sein d’éventuelles coalitions, certaines personnalités à la gauche du PD, en son sein ou non, pourraient tirer leur épingle du jeu, fortes de leur opposition à la politique antisociale de Renzi. Car c’est bien cette politique social-libérale à outrance, laquelle n’a cessé d’entamer la protection sociale et d’institutionnaliser la précarité, qui est la principale cause de cette volonté de le sanctionner, en particulier chez les classes populaires. Et de lui dire « ciao »

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Christian Tein : « Je pensais que l’époque des bagnards était révolue »
Entretien 28 octobre 2025 abonné·es

Christian Tein : « Je pensais que l’époque des bagnards était révolue »

Après un an de détention en métropole, le leader indépendantiste kanak revient sur sa situation et celle de la Kanaky/Nouvelle-Calédonie. Il dénonce l’accord de Bougival de l’été dernier et appelle à un accord qui termine le processus de décolonisation du territoire ultramarin.
Par Tristan Dereuddre
Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »
Donald Trump 20 octobre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »

Chercheur spécialiste des expulsions forcées, WIlliam Walters décrypte la façon dont l’administration Trump organise sa politique migratoire. Il explique également comment la communication autour de ces pratiques violentes est présentée comme un « spectacle » pour le public américain.
Par Pauline Migevant
Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées
Expulsion 20 octobre 2025 abonné·es

Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées

L’application ICEBlock, qui permettait d’anticiper les raids des forces spéciales anti-immigration, a été fermée par Apple, en accord avec Donald Trump. Politis donne la parole à son développeur, en colère contre la trahison du géant américain.
Par Sarah Laurent
Budget record pour l’ICE : Trump déploie sa machine anti-immigration
Décryptage 20 octobre 2025

Budget record pour l’ICE : Trump déploie sa machine anti-immigration

Avec plus de 120 milliards de dollars prévus d’ici à 2029, l’agence de l’immigration américaine connaît une expansion sans précédent. Centres de détention, recrutements massifs et expulsions à la chaîne deviennent les piliers du programme Trump.
Par Maxime Sirvins