Les discriminations à l’embauche ne faiblissent pas

Un « testing » réalisé auprès de quarante entreprises françaises révèle un taux de réponses positives de 36 % pour les noms à consonance maghrébine, contre 47 % pour les autres.

Mathieu Ait Lachkar  • 13 décembre 2016
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Les discriminations à l’embauche ne faiblissent pas
© Photo : Frédéric Cirou / AltoPress / PhotoAlto

Être maghrébin et à la recherche d’un emploi est handicapant. Déjà, dans un numéro de complément d’enquête d’octobre 2015 consacré aux discriminations au travail, le public s’était rendu compte de l’ampleur du phénomène. Parmi les documents chocs recueillis par la rédaction du magazine, une vidéo filmée par un salarié, montrant son patron hurler : « Je n’aime pas les Arabes ! ».

L’étude publiée par la Dares (service statistiques du ministère du Travail) va également dans ce sens. Afin de mesurer les risques discriminatoires liés à « l’origine », les recrutements d’une quarantaine de grandes entreprises ont été analysés entre avril et juillet 2016. Chacune d’entre elles a été testée entre 30 et 40 fois, de manière à disposer de résultats exploitables. Au total, 1 500 tests ont ainsi été réalisés, soit l’envoi d’environ 3 000 candidatures.

12 entreprises sur 40 nettement discriminantes

Deux candidatures rigoureusement équivalentes au niveau de leurs compétences professionnelles, et qui ne variaient qu’en raison de l’origine évoquée par la consonance de leurs noms et prénoms, étaient proposées. Celle dite « hexagonale » a été retenue dans 47 % des cas, contre 36 % pour la candidature dite « maghrébine ». Selon la Dares, il n’existe que très peu de différences lorsqu’il s’agit d’un poste de niveau « employé » ou « manager ». De même entre une candidature masculine et féminine.

Si au niveau des entreprises testées, la majorité a le plus souvent fait preuve d’une égalité de traitement, douze d’entre elles se sont très clairement rendues coupables de discrimination envers les candidatures « maghrébines », avec un écart allant de 15 à 35 points.

Les mauvais élèves, dont l’identité n’est pas communiquée, sont désormais invités à adresser au ministère des mesures permettant de corriger cette discrimination à l’embauche. Autrement, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, se réserve le droit de communiquer leurs noms publiquement. Elles ont jusqu’à la fin janvier 2017.

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