Zep : « J’observe une vraie philosophie de l’avenir »
Le dessinateur de Titeuf, Zep, publie le deuxième tome de _What a Wonderful World !_, rassemblant les dessins de son blog d’actualité dessinée. Il y parle de crise climatique, de jihad, de condition humaine – et de sexe, aussi.
dans l’hebdo N° 1433-1434 Acheter ce numéro

Zep, de son vrai nom -Philippe Chappuis, aura 50 ans en 2017, il a cinq enfants de 8 à 19 ans, et Titeuf, devenu ado en 2015, aurait autour de 23 ans si l’on comptait depuis le jour de sa naissance… À quoi ressemble la génération du petit personnage à la mèche blonde devenu grand ? Entre guerre en Syrie, Anthropocène, chômage et pornographie galopante sur Internet… Zep tient sur le site du Monde un blog dans lequel il « pose un regard sans concessions sur l’actualité sociopolitique de son nombril : il s’interroge sur la vanité des choses et s’engage pour un monde plus juste, sans guerre, sans peur de l’étranger et sans choux de Bruxelles. » Bienveillant mais pas tiède, Zep se croque dans l’actualité qui l’attrape, obsédé par sa calvitie et le vivre-ensemble, météorologue des temps présents.
« What a Wonderful World ! », titre de votre blog, est un mélange d’ironie et d’enthousiasme…
Zep : Mon blog est hébergé par Le Monde, d’où ce titre, même pas tellement ironique. Être connecté à l’actualité est anxiogène. Passer par le rire permet d’envisager l’information de manière différente – sauf si c’est un rire désespéré, mais je garde un regard plein d’espoir sur notre humanité. Au XIXe siècle et durant tout le XXe, nous pensions être les maîtres du monde. Cette toute-puissance paraît aujourd’hui ridicule. J’ai l’impression que les 20-25 ans reviennent à une certaine humilité, où l’homme est perçu comme une composante de l’équilibre d’une terre qu’il ne contrôle pas. Nous sommes des hôtes de cette planète depuis peu. On pensait qu’on allait la détruire, il se pourrait qu’elle se débarrasse de nous. Cette perspective n’est pas alarmante : nous sommes de passage ; tant qu’on est là, vivons et -faisons les choses bien.
Chaque jour la science nous démontre qu’on n’a pas encore compris grand-chose. Et, en même temps, nous avons un pouvoir de nuisance terrible. D’où l’importance de penser