États-Unis : Et maintenant, les déportations…

Trump a lancé la semaine dernière une véritable chasse aux sans-papiers condamnés, mais aussi seulement poursuivis.

Olivier Doubre  • 15 février 2017 abonné·es
États-Unis : Et maintenant, les déportations…
© Photo : MANDEL NGAN/AFP

Portraits, entretiens, reportages… Guadalupe Garcia de Rayos, 35 ans, mère de deux enfants, est sur tous les écrans au Mexique depuis près d’une semaine. Expulsée manu militari le 9 février des États-Unis, arrêtée lors d’une simple convocation des autorités migratoires de Phoenix (Arizona), où ses enfants sont nés – et donc restés seuls –, la jeune maman est devenue, bien malgré elle, le symbole de la politique de « pause migratoire » voulue par Donald Trump. Après son fameux décret – suspendu par un juge de Seattle, décision confirmée par la Cour d’appel de San Francisco – interdisant l’entrée sur le sol américain des ressortissants de sept pays musulmans pour trois mois (et à tous les réfugiés pour quatre), Trump a lancé la semaine dernière une véritable chasse aux sans-papiers condamnés pour des crimes ou des délits, mais aussi seulement poursuivis (avant donc d’être reconnus coupables). Une décision qui a immédiatement soulevé un nouveau tollé à l’étranger, parmi les élus démocrates états-uniens et jusqu’à certains congressmen républicains.

Dans des quartiers bien ciblés, à New York, Los Angeles, Miami ou ailleurs, des centaines de sans-papiers ont été interpellés et bon nombre expulsés sans autre forme de procès, semant un vent de panique parmi les immigrés. La diplomatie mexicaine s’est même sentie obligée d’appeler ses ressortissants résidant de l’autre côté du Rio Grande à une « grande prudence » et de débloquer 50 millions de dollars pour d’éventuelles aides juridiques. Des dizaines de milliers de Mexicains ont manifesté le 12 février dans les grandes villes de leur pays, protestant également contre la construction du mur le long de la frontière, à propos duquel une polémique ne cesse d’enfler sur le coût estimé entre 8 et 40 milliards ! Sur Twitter, Donald Trump s’est félicité : « La répression contre les clandestins criminels n’est que l’application de ma promesse de campagne ! »

Son vice-président, Mike Pence, s’était déjà distingué fin janvier en prenant part à une manifestation anti-avortement, suivie le 11 février par 200 défilés pro-life dans 45 États, parfois directement à proximité de cliniques. Évidemment, de nombreuses contre-manifestations ont été organisées par les défenseurs de l’IVG, dans la foulée de l’immense « Marche des femmes » du 21 janvier à Washington, laquelle a réuni pas moins de deux millions de personnes. En moins d’un mois, la politique de Trump a réussi à faire des États-Unis un pays meurtri, lacéré, profondément divisé.

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