Jean-François Delfraissy : « Le sida a changé le rapport au patient »
Spécialiste du VIH, l’immunologue Jean-François Delfraissy est le nouveau président du Comité d’éthique, qu’il souhaite ouvrir davantage à la société civile.
dans l’hebdo N° 1445 Acheter ce numéro

Directeur de l’Agence nationale de la recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) depuis 2005, le professeur Jean-François Delfraissy vient d’être nommé président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Son expérience d’immunologue et de clinicien dans la lutte contre le VIH a été profondément marquée par la révolution que le sida a induite dans les rapports entre les malades, souvent organisés collectivement, et les personnels de santé, médecins en tête. Cette expérience, il compte la mettre à profit au sein de sa nouvelle mission au CCNE.
Le Comité, où siègent de nombreux chercheurs et intellectuels, mais aussi des représentants des grandes familles de pensée, religieuses ou athées, doit aujourd’hui intervenir et rendre des avis sur nombre de sujets hautement politiques : la fin de vie, le « bien-vieillir », la procréation médicalement assistée (PMA), les neurosciences, les données de santé, l’accès aux soins (tant sur le prix des médicaments que sur les innovations thérapeutiques) ou la santé des plus défavorisés, en particulier les migrants… Des sujets sur lesquels Jean-François Delfraissy ne s’exprimera cependant pas ici, car le travail du CCNE en cours l’en empêche.
Lors de votre audition, le 7 décembre dernier, devant les députés, préparatoire à votre nomination à la présidence du Comité d’éthique, vous avez déclaré : « Je ne suis pas un éthicien professionnel. » Que vouliez-vous dire, sachant que le sida fut sans doute la maladie à propos de laquelle se sont posées d’emblée les plus graves questions d’éthique ?
Jean-François Delfraissy : J’ai simplement voulu indiquer que je ne travaillais pas sur l’éthique