Politique et histoire : Champ de batailles
La façon dont les hommes politiques se servent de l’histoire pour susciter l’adhésion en dit long sur eux-mêmes et sur les évolutions de la société.
dans l’hebdo N° 1443 Acheter ce numéro

Les propos prononcés par Emmanuel Macron à Alger, le 14 février, ont fait du bruit. Définissant la colonisation comme un « crime contre l’humanité » dont la France « doit s’excuser », le fondateur d’En marche ! a reçu de certains une volée de bois vert. Emmanuel Macron découvre qu’en France l’histoire est restée un champ de bataille politique où le récit national tient sa ligne.
La droite de François Fillon porte en étendard le retour de ce roman national d’antan, dans lequel la France glorieuse suscite la fierté de la nation. François Bayrou, n’ayant pas peur des anachronismes, veut, lui, copier l’école de Charlemagne, alors que Jean-Luc Mélenchon affirme : « Nous sommes les filles et les fils des Lumières et de la grande Révolution ! À partir du moment où l’on est français, on adopte le récit national. »
Face aux crises économiques et sociales, aux instabilités politiques et financières, le passé redevient une valeur refuge. Comme si, impuissants devant un futur incertain, les politiques s’attachaient à nous faire rêver d’un passé glorifié, rassurant notre « identité nationale » mise en détresse par la mondialisation.
Pourtant, « l’idée que la nation se serait construite à l’abri de la mondialisation, qui la fragiliserait, est fausse », explique l’historien Nicolas Delalande, coordinateur du livre collectif L’Histoire mondiale de la France, dirigé par Patrick Boucheron. Avec cet ouvrage écrit par plus de 120 historiens, ce dernier « entend mobiliser une conception pluraliste de l’histoire contre l’étrécissement identitaire qui domine aujourd’hui le débat public », peut-on lire en introduction. Aujourd’hui, « s’est développée une