Barbier/Jolivet, duo pathétique

L’éditorialiste et l’humoriste s’associent pour un spectacle autour de la présidentielle, « Nous présidents ». Navrant.

Jean-Claude Renard  • 21 avril 2017
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Barbier/Jolivet, duo pathétique

Voilà cinq ans, Christophe Barbier et Marc Jolivet s’étaient déjà unis pour un show qui se voulait drôle sur l’élection suprême. L’éditorialiste de L’Express et de BFM et l’humoriste, écologiste convaincu depuis longtemps, remettent le couvert salle Gaveau, à Paris, pour six représentations ; trois avant le premier tour, trois autres avant le second tour.

Ici, Marc Jolivet se voit à l’Élysée en 2022 et recrute Christophe Barbier en coach. En attendant, on prépare le terrain, on regarde d’un œil les candidats postulant au poste et la situation actuelle. On pointe la solitude de François Hollande, les costards de François Fillon et la pauvre Pénélope.

« Vous verriez ses doigts, à force de coller des enveloppes ! […] C’est une Galloise, elle a dû attraper la galle… » Jolivet ouvre ainsi le bal. Barbier surgit, en colère, refusant de partager l’affiche « Nous présidents ». Il veut bien le rôle de coach, avec la promesse d’un poste d’attaché parlementaire « à vie », pas celui de chef d’État. Mais on continue de commenter la vie politique :

« Nathalie Arthaud, on pensait que c’était Laguiller en jeune, en fait, c’est Staline en femme ; Asselineau, c’est Cheminade en pire ; pourquoi Hamon est-il aussi bas dans les sondages ? Parce qu’il a des oreilles de vampire ! Mélenchon, c’est le candidat hologramme, prêt à tout pour se faire élire, jusqu’à prendre Fillon en Premier ministre ; Macron : avant, quand on voyait un beur dans une belle voiture, c’était un dealer, maintenant, avec Macron, c’est un chauffeur Uber. »

Le reste est à l’avenant.

Sur France 5, Christophe Barbier avait annoncé la couleur : « Je me lâche plus sur scène que sur mes éditos. Il y a des conventions, des contraintes de forme, de temps, de politesse où l’imagination et le canular n’ont pas leur place parce que ça peut-être pris au premier degré par des téléspectateurs ou des lecteurs, tandis que sur scène, l‘imagination a toute la place. Donc on peut tout se permettre… Jolivet ose m’accuser sur scène d’être de droite. C’est vous dire le délire ! » En effet. Il gesticule, plastronne, parade, jusqu’à se rouler par terre de colère. Tout sonne faux.

À vrai dire, « le but, c’est de se mettre en valeur mutuellement », convient sur scène Jolivet. Ils n’en sortent pourtant pas grandis. S’il s’agit d’un « spectacle ni de droite ni de gauche », il n’est surtout même pas drôle, et franchement décousu. Aucun regard sur les programmes, ni recul critique, un mépris pour les petits candidats comme Philippe Poutou, des blagues potaches, voire nauséeuses, ou qui tombent à plat parce que, justement, il n’y a pas d’écriture. Ni écriture, ni conviction. On s’attendait à rien ; on en ressort déçu.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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