« Ces quelques heures peuvent être décisives »

Pour son dernier discours de campagne de premier tour, Jean-Luc Mélenchon, aux côtés de Pablo Iglesias et Marisa Matias, s’est fait le candidat de « l’Europe insoumise ».

Pauline Graulle  • 21 avril 2017
Partager :
« Ces quelques heures peuvent être décisives »
© photo : CITIZENSIDE / Quentin Veuillet / Citizenside / AFP

Son dernier mot : « Adios ! » Pour son ultime jour de campagne, Jean-Luc Mélenchon a prononcé un discours résolument européen, empli de chaleur et d’émotion. C’est en petit comité, devant quelques centaines de personnes réunies en haut du parc de Belleville, à Paris, pour un « apéro insoumis » sous le soleil, que le leader de la France insoumise a mis, vendredi, un point final à sa campagne de premier tour.

Pablo Iglesias, le charismatique leader de Podemos (la formation de la gauche radicale ibérique), avait fait le déplacement pour dire – en langue espagnole – tout le bien qu’il pensait de « Jean-Luc ». Tout comme Marisa Matias, moins connue leader de la gauche radicale portugaise, qui a l’assuré, elle aussi, de son soutien pour aujourd’hui « et demain ».

Postés sur une petite estrade en plein milieu d’une foule où se pressaient beaucoup d’expatriés d’Europe du Sud, les trois ont voulu incarner « l’Europe insoumise ». « Quelle campagne magnifique ! », s’est enthousiasmée Marisa Matias, qui a plaidé pour une « Europe de coopération ». « Nous sommes là pour être heureux, pour dire qu’il y a de l’espoir. »

Haranguant la foule, Pablo Iglesias a estimé que Macron est le candidat du « marketing », Fillon celui de la « corrupción », et Marine Le Pen, la candidate « del miedo » (« de la peur »). « Vous pouvez être fiers, en France, d’avoir mis les bases d’une révolution démocratique », a-t-il poursuivi, estimant que Mélenchon était le meilleur pour « affronter Merkel ». « On a besoin d’un président de la République comme Mélenchon non seulement pour les Français, mais pour tous les Européens », a affirmé Iglesias, terminant par un « Libertad, egalidad, fratenidad ».

« Je suis prêt pour le deuxième tour »

Prenant ensuite le micro, Jean-Luc Mélenchon, détendu et visiblement heureux d’être si bien entouré, a osé quelques mots dans la langue de Cervantes. Et de répondre, dans la langue de Molière, à ceux qui lui reprochent d’être un antieuropéen : « Et celui qui vient me dire que ce n’est pas l’Europe que vous voyez là, alors qu’est-ce que c’est ? » Puis, plus grave : « Moi, je suis prêt à la suite, prêt pour le deuxième tour, prêt pour organiser ce qu’il y a après la victoire. » « Allez, au travail les gens ! », a-t-il ensuite lancé, avertissant que le scrutin allait « se régler à une poignée de voix ».

« Nous pourrions avoir un magnifique second tour débarrassé de madame Le Pen », a-t-il espéré, qualifiant d’« infamie » et de « malédiction » l’arrivée de l’extrême droite au second tour en 2002. « Ayez confiance en vous-mêmes les gens ! Les quelques heures [qui viennent] peuvent être décisives. Je me souviens la tête que je faisais, en 2002, quand j’ai compris qu’à deux voix près par bureau de vote, Jospin était éliminé. » Tout le monde a bien compris le message.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Avec la VIe République, les unionistes veulent maintenir ce qu’il reste de la Nupes
Gauche 29 mars 2024 abonné·es

Avec la VIe République, les unionistes veulent maintenir ce qu’il reste de la Nupes

Une petite bande de députés s’investissent sur le sujet de la démocratisation de notre régime politique. Une campagne parallèle ayant l’objectif de maintenir les canaux de communication entre partis et de poser la première pierre pour 2027.
Par Lucas Sarafian
Dans le Nord, l’écologiste Marie Toussaint tente de lier fin du monde et fin du mois
Politique 21 mars 2024 abonné·es

Dans le Nord, l’écologiste Marie Toussaint tente de lier fin du monde et fin du mois

La tête de liste des Écologistes pour les européennes est venue assister au procès en appel des victimes de la pollution de la fonderie de Metaleurop et a rencontré un agriculteur de la région. Marie Toussaint tente tant bien que mal d’imposer ses thèmes.
Par Lucas Sarafian
Coupes budgétaires : pourquoi Emmanuel Macron attise la colère sociale avant les européennes
Budget 19 mars 2024

Coupes budgétaires : pourquoi Emmanuel Macron attise la colère sociale avant les européennes

La volonté du président et de Bercy de réduire la dépense publique fait craindre à l’exécutif un regain de mobilisation sociale, dans la foulée de la grève de la fonction publique du 19 mars.
Par Nils Wilcke
À Villepinte, l’insoumise Manon Aubry veut « déjouer le duel entre les macronistes et l’extrême droite »
Reportage 17 mars 2024

À Villepinte, l’insoumise Manon Aubry veut « déjouer le duel entre les macronistes et l’extrême droite »

Pour le lancement de leur campagne européenne, les troupes insoumises construisent un pont entre l’échéance de 2024 et la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, avant-dernier de cette liste, continue d’être ambigu sur ses ambitions.
Par Lucas Sarafian