Fillon et Le Pen jouent la carte de la dramatisation

L’attentat qui a coûté la vie à un policier a eu lieu alors que les candidats se succédaient à l’émission « 15 minutes pour convaincre ».

Christophe Kantcheff  • 21 avril 2017
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Fillon et Le Pen jouent la carte de la dramatisation
© Thomas Samson/AFP

Alors que se déroulait sur France 2 et France Inter l’émission « 15 minutes pour convaincre », où tous les candidats à l’élection présidentielle se succédaient pour répondre aux questions de Léa Salamé et David Pujadas, une fusillade a éclatée vers 21 heures, ce jeudi 20 avril, sur l’avenue des Champs-Élysées, à Paris. Un véhicule de police a été visé par un assaillant avec une arme automatique, tuant un policier et en blessant grièvement deux autres. L’homme a lui-même été abattu par un tir de riposte.

Un peu plus tard, l’attentat a été revendiqué par l’organisation État islamique, qui a délivré le nom de l’assaillant présumé : Abou Youssef Al Belgiki. Auparavant, le parquet antiterroriste s’était saisi de l’enquête.

Sur le plateau de « 15 minutes pour convaincre », tous les candidats ont manifesté leur émotion face à cet attentat meurtrier et exprimé leur solidarité avec la famille des victimes. Parmi eux, Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Nous adressons une pensée émue à la famille du policier qui a été tué. Dans l’attente d’informations plus sûres, il ne faut pas paniquer, ne pas interrompre le processus de notre démocratie pour montrer que les violents n’auront pas le dernier mot face aux citoyens. » Tandis que Benoît Hamon a expliqué que « cet événement nous rappelle que nous sommes au cœur d’une crise qui n’est pas qu’économique ni sociale, mais qui est aussi liée à des forces qui détestent notre modèle démocratique. »

Mais certains n’ont pas hésité à s’emparer de cet événement pour dramatiser leur discours. Usant de termes aux accents martiaux, Marine Le Pen et François Fillon ont ainsi annoncé qu’ils suspendaient leurs déplacements de campagne prévus pour aujourd’hui vendredi (ce qu’a fait également, dans la nuit, Emmanuel Macron). Qu’ils se saisissent de cet attentat pour accentuer le sentiment de peur et axer sur le sécuritaire leurs dernières interventions avant le premier tour qui a lieu dimanche ne faisait pas l’ombre d’un doute au terme de l’émission.

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