Les belles âmes contre la LDH

Au mépris des faits, Caroline Fourest, notamment, accuse la Ligue des droits de l’homme de censure.

Christophe Kantcheff  • 5 avril 2017
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Les belles âmes contre la LDH
© photo : JOËL SAGET / AFP

La Maison régionale de l’environnement et des solidarités (MRES) est un réseau associatif du Nord-Pas-de-Calais, qui regroupe plus de 110 associations, dont la Ligue des droits de l’homme (LDH) et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap). Il y a peu, la MRES propose à la section de Lille de la LDH, ainsi qu’au Mrap lillois, de parrainer la lecture d’un texte de Charb, prévue le 2 mai, par une compagnie artistique du cru. Il s’agit du livre paru quelques mois après la mort de l’ex-directeur de la publication de Charlie Hebdo : Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes.

La signification d’un tel parrainage ? Une association apporte sa caution, affirme un engagement commun. Sauf que la LDH ne partage en rien les thèses de Charb sur l’antiracisme et la laïcité. Et donc décline la proposition. Or, dans son édition du 25 mars, La Voix du Nord sous-entend faussement que ce refus de parrainage équivalait à l’annulation de la lecture. Ce qui suffit à réveiller la brigade des belles âmes. Des penseurs dorés sur tranche – Bernard-Henri Lévy, Raphaël Enthoven… – s’émeuvent en 140 signes. La Licra signe un communiqué dénonçant « un acte de censure, de lâcheté et de trahison de nos valeurs ». Sous la plume de Gérard Biard, dans Charlie Hebdo, on apprend que « la Maison régionale de l’environnement et des solidarités d’Arras [sic] a déprogrammé la lecture-spectacle du livre de Charb […]_. Sur ordre du Mrap_ […] et de la LDH. »

Mais dans l’art des redresseurs de torts, entre fiel et acidités gastriques, devinez qui excelle en ces termes (dans Marianne) : « La LDH, cette vieille dame qui soutenait jadis les libertés, se range du côté de la censure depuis qu’elle confond les musulmans avec les islamistes et les islamistes avec le capitaine Dreyfus. Ses principaux militants parisiens ne sont plus des professeurs laïques, mais des avocats orientalistes. Ils ont adoré défendre les islamistes algériens du FIS, soutiennent Tariq Ramadan, militent contre les lois antiterroristes avec le Collectif contre l’islamophobie et parrainent la commission Islam et laïcité, ce rendez-vous branché des sociologues ayant hurlé avec les chiens contre Kamel Daoud » ? Caroline Fourest, bien sûr ! Dont le combat au service de la vérité ne résonne jamais avec le triomphe de la morale. Un vice de forme ?

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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