Pékin étouffe les ONG
Une loi entrée en vigueur le 1er janvier durcit considérablement les conditions d’exercice des associations étrangères. Certaines jettent l’éponge et c’est toute la société civile qui s’inquiète.
dans l’hebdo N° 1451 Acheter ce numéro

Li Mei est une militante anti-sida qui a tout pour déplaire au pouvoir du président chinois, Xi Jinping. Diplômée de l’une des meilleures facultés de Chine, maniant parfaitement l’anglais, cette Chinoise trentenaire [1] travaille à Pékin pour une petite ONG américaine promouvant l’accès à la santé à travers l’Asie. Pendant des années, parallèlement à son combat contre le VIH, Li Mei a également animé des formations pour professionnaliser les ONG chinoises. Dans ses séminaires, elle délivrait les secrets du métier : comment convaincre un donateur, écrire un argumentaire… Mais, dorénavant, Li Mei doit se faire aussi discrète qu’une petite souris. « Pourtant, je ne me suis jamais considérée comme une activiste radicale », dit-elle, les yeux cachés par de grosses lunettes de soleil. Nous sommes assis sur un banc autour du lac Xihai, dans le vieux Pékin. Loin des regards indiscrets. « Le gouvernement chinois a peur qu’une révolution de couleur secoue le pays, reprend-elle. C’est pour cela qu’il a décidé de mettre les ONG étrangères sous contrôle. »
Pour Li Mei, tout a changé depuis que la Chine s’est dotée d’une grande loi plaçant, pour la première fois, les quelque sept mille ONG étrangères présentes sur le territoire chinois sous la coupe de la police. Symbole du tour de vis répressif opéré depuis l’arrivée au pouvoir, fin 2012, de Xi Jinping, le texte est