Propos négationnistes : Le président par intérim du FN remplacé

Steeve Briois remplace Jean-François Jalkh à la tête temporaire du Front national, prouvant une fois de plus que le parti de Marine Le Pen ne fait le ménage dans ses rangs que lorsque la presse l’y contraint.

Michel Soudais  • 28 avril 2017
Partager :
Propos négationnistes : Le président par intérim du FN remplacé
© Photo : JACQUES DEMARTHON / AFP

Nommé lundi soir président par intérim du Front national, Jean-François Jalkh, qui en était jusque-là le premier vice-président, a été remplacé vendredi matin par Steeve Briois, le maire d’Hénin-Beaumont et député européen, second vice-président du mouvement. Ce jeu de chaises musicales sans grande portée, la mise en congé de Marine Le Pen n’étant que très temporaire, vise à couper court aux polémiques sur le passé de M. Jalkh, accusé d’avoir tenu des propos négationnistes.

Dans l’article d’un numéro de 2005 de la revue Le Temps des savoirs, « Une création illégitime ? Le Front national de la jeunesse », retrouvé mardi par le journaliste Laurent de Boissieu (voir ici et ), Jean-François Jalkh n’hésite pas à vanter « le sérieux », « la rigueur » et « l’argumentation » des négationnistes en citant Robert Faurisson. Il affirme ainsi qu’« on doit pouvoir discuter [du] problème [sic] des chambres à gaz ». Ses propos (voir ci-dessous), y sont rapportés par Magali Boumaza, auteur d’une thèse en 2002 sur le Front national et les jeunes, qui s’était entretenue avec lui le 14 avril 2000.

© Politis

À cette date, M. Jalkh n’était pas un perdreau de l’année : adhérent du FN depuis 1974, il siège à son bureau politique depuis 1982 ; il a été député de 1986 à 1988, conseiller régional. Le 25 juillet 1991, Le Monde avait signalé sa présence à une messe destinée à célébrer le quarantième anniversaire de la mort du maréchal Pétain, à l’appel de l’association nationale Pétain-Verdun. Par la suite, M. Jalkh a été un temps secrétaire général du mouvement ; à ce titre, c’est lui qui a organisé le congrès de succession qui a vu Marine Le Pen accéder à la présidence du FN.

Les dirigeants du Front national, et Marine Le Pen elle-même, ne pouvaient ignorer les opinions et convictions de ce responsable de haut niveau, membre de la commission de discipline et de conciliation, qui fut notamment chargé, en l’absence de la présidente du FN, de présider en 2015 la séance du bureau exécutif qui devait aboutir à l’exclusion de Jean-Marie Le Pen. Une fois encore, force est de constater que le Front national n’accepte d’éloigner ses « brebis galeuses » que lorsque la presse met en lumière leurs déclarations, écrits ou comportements.

À lire aussi >> Marine Le Pen et les « brebis galeuses »

Et encore… M. Jalkh ayant démenti avoir tenu les propos rapportés, dont Magali Boumaza assure détenir tous les enregistrements audio, et annoncé avoir déposé plainte contre elle, les membres de l’état-major frontiste lui ont tous renouvelé leur confiance. C’est, à en croire Louis Aliot, à sa demande que M. Jalkh a été remplacé à la présidence par intérim. « Je crois qu’il a été effectivement extrêmement affecté par la diffamation dont il a été l’objet », a commenté Marine Le Pen, interrogé par BFMTV. Ce qui n’a rien d’un désaveu.

Soutenez Politis, faites un don !

Envie de soutenir le journal autrement qu’en vous abonnant ? Faites un don et déduisez-le de vos impôts ! Même quelques euros font la différence. Chaque soutien à la presse indépendante a du sens.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Entre l’intersyndicale et la Nupes, l’occasion manquée
Luttes 31 mai 2023 abonné·es

Entre l’intersyndicale et la Nupes, l’occasion manquée

Alors que l’hiver et le printemps ont été marqués par le plus grand mouvement social de ces dernières décennies, la gauche et les syndicats n’ont que peu réussi à travailler ensemble. La faute, notamment, à une défiance réciproque.
Par Pierre Jequier-Zalc
Derrière les retraites, une bataille constitutionnelle
Parlement 30 mai 2023 abonné·es

Derrière les retraites, une bataille constitutionnelle

La proposition de loi du groupe Liot veut abroger la réforme de Macron pour remettre à plat notre système de retraite par « une vraie concertation ». Pour le gouvernement, prêt à s’y opposer par tous les moyens, c’est « inacceptable ».
Par Michel Soudais
« La stratégie de Darmanin rappelle celle des années 30 »
Démocratie 3 mai 2023 libéré

« La stratégie de Darmanin rappelle celle des années 30 »

Michaël Fœssel, philosophe et auteur de Récidive. 1938, se penche sur notre démocratie, qui semble plus fragilisée que jamais. Si, pour lui, Macron n’est pas Daladier, la stratégie du gouvernement prend parfois des allures inquiétantes des années d’avant la seconde guerre mondiale.
Par Olivier Doubre
Européennes : l’ombre de l’éparpillement à gauche 
Analyse 26 avril 2023 abonné·es

Européennes : l’ombre de l’éparpillement à gauche 

Les insoumis plaident pour une liste unique en 2024. Mais ils sont bien seuls : écologistes et communistes tenteront probablement leur chance en solitaire. Si leur appel à débattre de l’Europe n’est pas entendu, les socialistes se prépareront à se lancer séparément.
Par Lucas Sarafian