Cédric Herrou : « Fermer les frontières, ça ne marche pas »
Venu en aide à des migrants dans la vallée de la Roya, Cédric Herrou est poursuivi pour aide au séjour irrégulier. Il témoigne ici de la situation alarmante dans les Alpes-Maritimes.
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Depuis Vintimille, en Italie, les migrants remontent le fleuve Roya à pied. Ils savent que, si tout se passe bien, ils atteindront la France par Breil-sur-Roya. Ce village de 2 000 âmes, au cœur de la vallée, est devenu un repère grâce à la solidarité de ses habitants, et le mot a circulé au-delà de la frontière franco-italienne. Son humanité surplombe fièrement les villes de Nice et Menton, lesquelles assument leur refus d’accueillir des migrants. Plus d’une dizaine de ces citoyens solidaires font face à la justice. C’est le cas de Cédric Herrou.
Entre son métier d’agriculteur, ses allers-retours à la préfecture, les convocations devant la justice, les sollicitations des médias et l’accueil de centaines de migrants chez lui, ses journées sont bien remplies. Considéré comme un passeur par l’État (alors qu’il n’y a pas eu de transport en échange d’argent), Cédric Herrou est surtout un témoin de la détresse de ces hommes et de ces femmes qui ont des milliers de kilomètres dans les jambes, et des dizaines d’heures d’attente devant les bureaux de la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (Pada), avec la crainte perpétuelle d’être reconduits en Italie. Son action l’a mené au tribunal, en février dernier, pour « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’un étranger en France » et « installation en réunion sur le terrain d’autrui sans autorisation en vue d’y habiter ».
Ce dernier motif remonte à octobre 2016, lorsque Cédric Herrou a participé avec l’aide d’associations, dont Roya citoyenne, à l’ouverture d’un squat dans un local désaffecté de la SNCF à Saint-Dalmas-de-Tende. Il a d’abord été condamné à 3 000 euros d’amende avec sursis, mais le procureur de la République de Nice a décidé de faire appel. Le