Climat : Donald Trump met la Terre en danger en reniant l’accord de Paris

Le président américain s’est rangé à l’avis des climatosceptiques et des milieux les plus conservateurs.

Claude-Marie Vadrot  • 1 juin 2017
Partager :
Climat : Donald Trump met la Terre en danger en reniant l’accord de Paris
Photo : Donald Trump et Scott Pruitt, responsable de l’Agence fédérale pour l’environnement (EPA).
© SAUL LOEB / AFP

Après avoir longuement hésité et remis plusieurs fois sa décision, le président américain a tranché dans le sens redouté par l’Union européenne, la plupart des scientifiques du climat et même la Chine. Quelles que soient les précautions oratoires prises et l’annonce d’une très théorique renégociation, il a donc écouté ses conseillers climatosceptiques, dont le redoutable nouveau responsable de l’Agence fédérale pour l’environnement (EPA), Scott Pruitt, qui s’est déjà débarrassé des spécialistes du climat travaillant depuis des années à préparer des rapports inquiétants sur le sujet. Ces derniers ont disparu de son site comme de la plupart des sites officiels contrôlés par la Maison Blanche. Cette censure a été saluée par une trentaine d’États américains et par la majorité des sénateurs et députés du pays.

C’est ce que veut retenir le chercheur Jean Jouzel, qui fut longtemps vice-président du Giec, le Groupe intergouvernemental pour l’étude du climat créé par les Nations unies en 1988 : « Si j’étais américain, j’aurais honte de mon Président. Je suis membre de l’Académie des sciences américaine et je peux vous assurer que pas un seul académiciens ne comprend ou n’admet ce que fait Donald Trump. D’autant plus que sa politique vise à décrédibiliser tout ce qu’apporte la science. Dans la sphère climatique, mais aussi dans tout ce qui touche à la protection de l’environnement.

C’est un coup très dur qui vient d’être porté à la lutte climatique, car il ne faut pas oublier que les États-Unis représentent 19 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Juste après la Chine. D’ailleurs, au vu de leur prise de position, on peut penser ou espérer que cette alliance de l’Europe et de la Chine sera, s’ils continuent de s’épauler dans ce domaine, un moyen de réduire les effets néfastes pour la planète de la décision américaine. Mais la lutte sera plus difficile et le mauvais exemple risque d’être suivi par d’autres pays. »

Accélération du réchauffement

Jean Jouzel ne pense pas, cependant, que le Giec soit menacé. Simplement, les scientifiques américains auront davantage de difficultés pour y participer, ne serait-ce que pour des raisons financières, puisqu’il ne faut pas oublier que les milliers de chercheurs qui préparent actuellement le sixième rapport de cet organisme, le font gratuitement et vivent seulement avec les fonds consacrés par leurs pays au travail du Giec.

Lors du sommet Europe-Chine qui doit se dérouler le 2 juin, la question de la mise en retrait des États-Unis sera à l’ordre du jour. D’autant plus que la Russie de Poutine ( comme la Turquie) n’a toujours pas ratifié la signature de l’Accord de Paris signé en 2015 à Paris, alors que ce pays, qui répugne d’ailleurs à fournir des chiffres précis, représente au moins 10 % des émissions mondiales.

La décision américaine risque de réduire les efforts de la communauté internationale. Cela remet en cause les objectifs de limitation à moins de 2 °C du réchauffement, tels qu’ils ont été définis en décembre 2015. Ceci arrive une année où tous les spécialistes constatent une accélération du réchauffement, notamment du point de vue de la fonte des glaces antarctiques et arctiques et du point de vue des événements climatiques extrêmes – en particulier dans le sud de l’Europe, en Extrême-Orient et dans l’Afrique sahélienne.

Comme le regrette Jean Jouzel, le président américain, en rompant avec les positions de Barack Obama, a fait définitivement siens les choix idéologiques des milieux les plus conservateurs.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Flottille arrêtée : à Paris, les images du rassemblement en soutien
Portfolio 2 octobre 2025

Flottille arrêtée : à Paris, les images du rassemblement en soutien

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies, place de la République, en soutien à la Global Sumud Flotilla, arrêtée par Israël à quelques kilomètres de Gaza.
Par Maxime Sirvins
Argentine : comment Milei cherche à sauver son pouvoir
Monde 1 octobre 2025 abonné·es

Argentine : comment Milei cherche à sauver son pouvoir

Dix provinces ont anticipé leurs élections législatives provinciales, dont celle de Buenos Aires, où l’opposition péroniste l’a emporté haut la main le mois dernier, obligeant le président à la tronçonneuse à faire appel à son homologue états-unien.
Par Marion Esnault
« Une escorte mondiale de la flottille serait un symbole très fort »
Témoignage 27 septembre 2025 abonné·es

« Une escorte mondiale de la flottille serait un symbole très fort »

Prune Missoffe est à bord du Spectre, l’un des bateaux que compte la Global Sumud Flotilla. Son embarcation fait partie de celles qui ont été visées par une attaque sans précédent de la part d’Israël, dans la nuit du 23 au 24 septembre.
Par Hugo Boursier
En Thaïlande, l’oppression silencieuse des musulmans
Reportage 26 septembre 2025 abonné·es

En Thaïlande, l’oppression silencieuse des musulmans

Dans le sud du pays, la minorité malaise est victime de persécutions et d’assimilation forcée de la part de Bangkok. Les fermetures d’écoles et de mosquées, les arrestations arbitraires et les actes de torture en détention sont monnaie courante dans cette région sous le contrôle de l’armée depuis 2004.
Par Marcel Tillion et Christophe Toscha