Droits des femmes : grande cause, petit budget
Alors que les associations tirent la sonnette d’alarme, le secrétariat d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes. reste flou sur le budget accordé aux droits des femmes.

L ‘égalité homme-femme est une grande cause du quinquennat », a martelé ce jeudi 20 juillet Marlène Schiappa lors de son audition au Sénat. La secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes était notamment attendue sur la question du budget accordé aux droits des femmes, au centre d’une polémique.
C’est un article du JDD, publié quatre jours auparavant, qui, relayant l’inquiétude des associations féministes, a lancé le débat. Le journal avançait une baisse de 30 % du budget dont dépendent les associations pour accueillir les victimes de violence et de harcèlement, comme une quinzaine d’entre elles l’ont exprimé dans une tribune commune.
Un démenti flou
Marlène Schiappa a immédiatement démenti une « fake news ». Elle a tenté de rassurer ses interlocutrices au Sénat en affirmant qu’il n’existe « aucun arbitrage budgétaire qui ait été rendu à ce jour concernant le secrétariat d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes ».
La secrétaire d’État a cependant reconnu que « la baisse de frais structurels », a été demandée « à tous les ministères », sans donner davantage d’indications chiffrées. Ces derniers jours, elle et son entourage ont expliqué que la diminution des moyens impacterait les frais de fonctionnement du secrétariat d’État.
« Éviter les abus »
Cependant, les associations ont diffusé un projet de décret, émanant de la direction générale des finances publiques, qui mentionne une coupe de budget de 7,5 millions d’euros. Le chiffre annoncé par les associations, qui expliquent avoir obtenu ce document _« de manière officieuse mais de sources en lien avec le ministère ». Marlène Schiappa a assuré n’avoir pas connaissance de ce chiffre et que « les subventions en direction des associations ne baisseraient pas d’un euro ». Seule hic, « pour éviter les abus », le secrétariat d’État étudiera scrupuleusement les demandes de subventions. « Il n’y aura plus de reconduction automatique », a prévenu le cabinet de Marlène Schiappa.
Plus faible part du budget de l’État
C’est un nouveau coup porté à un budget déjà bien peu élevé. L’année dernière, alors que ce budget était de 26,9 millions d’euros, un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes pointait le fait que cette somme représentait 0,006 % du budget de l’État. « Tout le monde sait que le budget est bien en dessous des besoins, témoigne Véronique Séhier du Planning familial. Nous dépendons en majeure partie des subventions publiques. Sans elles, je ne sais vraiment pas si l’on pourra assurer la continuité des services d’aide et de prévention que nous proposons. »
Peu de temps après l’intervention de Marlène Schiappa au Sénat, Emmanuel Macron annonçait qu’à l’exception des armées, aucun budget ne serait augmenté pour l’année 2018. Une orientation qui ne présage rien de bon. Au revoir le candidat qui clamait « I’m feminist » et bonjour le Président aux 80 milliards d’économies.
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