Gaspard Glanz, caméra au poing
Le fondateur de l’agence Taranis News multiplie les reportages sur les mouvements sociaux. Si près des protagonistes qu’il est même « fiché S » et se dit harcelé par les autorités.
dans l’hebdo N° 1462 Acheter ce numéro

Ce n’est pas sur un bitume gonflé par les gaz lacrymogènes que déambule Gaspard Glanz, le 22 juin dernier, mais sur les dalles propres et lumineuses d’un Carrefour City. Dans une vidéo postée sur la page Facebook de son agence de presse, Taranis News, le trentenaire interpelle le gérant du magasin sur le dysfonctionnement de certains rayons frais. « 15 degrés ! 15 degrés pour le beurre, le lait, la crème, mais putain, ce magasin devrait être fermé ! », s’insurge-t-il, en lançant une flopée d’insultes et quelques pots de glace ramollie, avant d’obtenir gain de cause.
« Je n’ai pas réalisé cette vidéo en tant que journaliste, tente-t-il de corriger plus tard pour Politis, sinon je ne me serais pas comporté de cette manière. J’ai agi en tant que citoyen, tout en profitant de l’audience du média pour en parler. » S’il avoue être « un peu gêné par cette histoire », ce n’est pas tant pour la dérive langagière, qu’il reconnaît volontiers, que pour son succès soudain. Environ 13 millions de vues en quelques jours, soit plus que la somme de tous ses reportages réalisés depuis six ans sur des terrains difficiles : Sivens, Notre-Dame-des-Landes, Calais, Paris lors des manifestations contre la loi travail, et même les Balkans, où il réalise un film de 50 minutes intitulé Borders, Nation, Deportation, lors de l’exode des réfugiés à l’été 2015 – « le moins regardé de Taranis, mais le plus fort humainement et professionnellement », souligne-t-il.
C’est un début d’été qui sonne comme un répit pour Gaspard Glanz. Dès le lendemain du solstice, il reçoit le verdict du procès pour le vol du talkie-walkie d’un CRS lors d’une manifestation en soutien aux migrants de Calais, le 1er octobre 2016. Après huit mois sous contrôle judiciaire strict, avec interdiction de se rendre sur le territoire concerné à Calais et obligation de pointer chaque semaine au commissariat de Strasbourg, sa ville natale, il écope finalement d’une amende de 500 euros. « On a décidé de ne pas faire appel, pour avoir la paix », peste-t-il, même si sa fiche S, qu’il a découverte lors d’une garde à vue de 33
Il vous suffit de vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire :
Pour aller plus loin…

Transidentité : des médias approximatifs, voire hostiles

Ces journalistes qui veulent écrire le mot « victoire »

Portraits d’un PAF obscène
