L’université comme terre d’accueil
Face à la passivité de l’État, des associations étudiantes se mobilisent pour permettre aux migrants de suivre des études, d’apprendre un métier et de s’intégrer là où ils vivent.
dans l’hebdo N° 1463 Acheter ce numéro

Juillet 2015. Militants, habitants et migrants réquisitionnent un établissement désaffecté du XIXe arrondissement de Paris. Le lycée hôtelier Jean-Quarré devient un repère pour les exilés en quête de tranquillité éphémère et pour les Parisiens désireux de les aider coûte que coûte. Parmi eux, de nombreux étudiants. Au fil des heures passées aux côtés de ces hommes et de ces femmes venant du Soudan, d’Érythrée ou d’Afghanistan, une complicité se noue, les langues se délient. Les étudiants s’aperçoivent que ces personnes qui ont souvent le même âge qu’eux s’ennuient, veulent apprendre le français et, pourquoi pas, entreprendre ou poursuivre des études.
Lors de l’expulsion, trois mois plus tard, hors de question de tout abandonner. Les étudiants parisiens mobilisent leurs établissements respectifs pour créer des cours de français langue étrangère (FLE) : d’abord l’École normale supérieure (ENS), puis l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Paris-8 ou encore Paris-IV.
Dans cette dernière université, André, Alice et Solène créent l’association InFLÉchir et décrochent une subvention auprès de l’Agence universitaire de la francophonie. Le premier cours de français est donné en mai 2016 à 17 personnes. _« Nous avons dû convaincre – voire rassurer – l’administration et tout organiser nous-mêmes, y compris le recrutement des étudiants stagiaires assurant les cours, explique André. Cette année, nous avons accueilli soixante élèves, répartis en quatre groupes de niveaux, et nous avons mis en place des binômes étudiant-apprenant, car les cours en classe ne suffisent pas pour bien maîtriser le français. » Et l’insertion sociale est tout aussi importante, d’où l’organisation de matchs de foot, de sorties culturelles, d’ateliers théâtre ou photo.
Des dizaines d’initiatives jaillissent alors sur tout le territoire français grâce aux efforts des étudiants, et selon le bon vouloir des administrations. En avril 2016, se forme le collectif Resome, Réseau études supérieures et orientation des migrant(e)s et exilé(e)s, pour