Solidarité contre la barbarie

Une trentaine d’écrivains ont contribué à Ce qu’ils font est juste, recueil de textes sur les réfugiés et leur accueil en France.

Ingrid Merckx  • 28 juillet 2017
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Solidarité contre la barbarie
© photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Se souviendra-t-on qu’en 2017, dans une France épargnée par la guerre sur son sol, des policiers ont (auraient ?) aspergé des migrants de gaz poivré à Calais, y compris des mineurs ? Parfois dans leur sommeil… Leurs affaires ont été contaminées. L’eau qu’ils peuvent boire. Quand les distributions de nourriture ne sont pas interdites.

C’est dans cette France, également, que « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger en France », encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

C’est dans cette France, encore, que le Président nouvellement élu maintient une distinction abjecte entre migrants et réfugiés, dans un discours tenu le 27 juillet. Comme si ceux-là n’étaient pas les mêmes. Comme si cette précision ne venait pas, subrepticement, justifier un non-accueil qui peut aller jusqu’à la barbarie.

« Ce qu’ils font est juste ! », proteste un collectif, outré dans son humanité, porté par un poème étranglé que signe l’illustrateur et bédéiste Enki Bilal. « C’est juste… parce qu’ils ont nagé. C’est juste… parce qu’ils ont peur. C’est juste… parce qu’ils comptent sur nous. »

Mais qui « nous » ? Combien pour aider ceux qui viennent trouver refuge en France ? Pour des raisons qu’il ne devrait même pas être décent de leur demander… Des écrivains réagissent, avec leurs armes : récits, fiction, rêverie, ils fixent des scènes qui atteignent une sorte de paroxysme cette année, deux ans après la dite « crise des réfugiés », alors que les canots débordent comme jamais au large de la Libye.

Ce « pauvre bougre », assommé de médicaments par les habitants du passage où il squattait, armés de bonnes intentions, ou pas ? (« Pauvre Bougre », Antoine Audouard). Les drones qui pistent les migrants jusque dans les appartements (« La panthère de Stalingrad », Clément Caliari). « Le visage d’un frère étrangement apaisé après avoir été torturé à mort dans les décombres d’une école. Le flic d’Assad qui, avant de le frapper, lui dit : « Maintenant, profite bien de ta douleur. » (« Laissez passer les loups », Serge Quadruppani).

Nimrod, Fatou Diome, Jean-Marie Laclavetine, Leila Sebbar, Philippe Claudel, ils sont une trentaine à avoir réalisé des textes étranglés et étranglant, qui, passant de l’actualité à la littérature, se chargent d’énergies, de profondeur, de force de frappe.

Ce qu’ils font est juste. Ils mettent l’hospitalité à l’honneur Don Quichotte, 336 p., 18 euros.

© Politis

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Littérature
Temps de lecture : 2 minutes
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