Poulets au Fipronil: les mensonges de la France et des industriels de la bouffe

Une fois de plus les autorités minimisent les problèmes de la malbouffe et l’agro-business attend d’être démasquée pour promettre des changements

Claude-Marie Vadrot  • 11 août 2017
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Dans un premier temps, lors de la découverte du scandale des œufs et des poulets au fipronil, découvert par hasard aux Pays-Bas, les autorités sanitaires et agricoles françaises ont expliqué que cela ne concernait pas la France. Dans un deuxième temps elles ont avoué que, finalement une ou deux entreprises de l’hexagone étaient concernées. Dans un troisième temps elles ont reconnu qu’enfin de compte des centaines de milliers d’œufs étaient dans le commerce et dans des plats et pâtisseries industrielles. Avant de mobiliser le ban et l’arrière ban des spécialistes pour raconter que le produit n’était nocif qu’à haute dose et que nous pouvions consommer un certain nombre de ces œufs et préparations sans avoir de problème de santé. Sans que soit précisé d’où parlaient ces spécialistes ni quels étaient leurs liens éventuels avec l’agro-business…

Un scénario classique dans ce genre d’affaires où les « chimistes » de la bouffe industrielle sont pris la main dans le sac. Il suffit d se souvenir de affaires comme celle de la vache folle, du poulet à la dioxine, du veau aux hormones, des désherbants de Monsanto ou de Bayer ou encore celle des perturbateurs endocriniens. Sans oublier les conservateurs, les colorants et autres renforçateurs de gout qui pimentent les préparations proposées dans les produits cuisinés et la bouffe congelée. Sans oublier non plus tout ce qui est étiqueté « Made in France» et dont on s’aperçoit en déchiffrant péniblement les étiquettes imprimées orange sur rouge de préférence, qu’ils contiennent aussi des produits « UE et hors UE ». Sous un gros pavillon tricolore. Les industriels de la mangeaille trompent l’acheteur jusqu’au jour où ils se font prendre et les gouvernements jouent la montre…

A chaque fois qu’ils le peuvent, les « héros » de la malbouffe, inventent des « recettes », sanitaires ou « gastronomiques »,  leur permettant de faire des économies  aux dépends de la santé (empoisonnement à long terme,maladies cardio-vasculaires, obésité…), de la connaissance de la qualité des produits (trop de sel, trop de sucre, additifs dit « naturels », recherche du « goût suivi »…) qui met les consommateurs à leur merci. En général ceux dont les revenus sont les plus faibles que l’on persuade par la publicité qu’ils ont droit au meilleur et qu’avaler leurs préparations « leur fera gagner du temps ».

Les Assises de l’alimentation, si l’on en juge par ce qui a déjà été discuté, n’aborderont pas ses problèmes puisque l’objectif parait être de définir des « justes prix » qui conviendront à la grande distribution, au secteur agro-industriels et à l’agriculture intensive. Objectifs soulignés, exemple révélateur, par la suppression ou la réduction des aides accordées au bio alors que la demande est de plus en plus forte. Aides qui financent la production de maïs, de colza ou de betteraves…

Il ne faut pas que le consommateur s’aperçoive que l’alimentation bio est la meilleure des solutions pour la population et pour les paysans. Les vrais, pas les agriculteurs au service d’une industrie alimentaire qui cherche les moyens d’industrialiser le bio comme le font les grandes surfaces de Leclerc (cet escroc moral), Auchan, Carrefour ou Système U qui inventent depuis quelques années des « marques » de bio aux noms aussi champêtres que trompeurs.

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