États-Unis : Les nouvelles lignes de fracture
Les événements de Charlottesville ont réveillé les tensions autour du souvenir de l’esclavage et de la guerre civile. Mais, aujourd’hui, les clivages sont davantage éducatifs que géographiques.
dans l’hebdo N° 1468 Acheter ce numéro

T rump se dirige-t-il vers une nouvelle sorte de guerre civile ? », se demandait en août le très sérieux New Yorker. Quelques jours plus tôt, un rassemblement sans précédent de plusieurs groupes d’extrême droite à Charlottesville – venus dans cette paisible ville universitaire de Virginie protester contre le déboulonnage d’une statue du général sudiste Robert E. Lee – causait la mort d’une contre-manifestante, renversée par une voiture conduite par un néonazi qui avait foncé sur une foule d’opposants.
Loin de tenter de calmer les esprits et de dénoncer clairement ces groupes, Donald Trump a mis le feu aux poudres en déclarant que les violences provenaient de « plusieurs côtés » et qu’il y avait des « gens très bien » parmi les racistes venus semer la pagaille. Il s’est aussi demandé, devant ses conseillers stupéfaits, si on allait se débarrasser des statues de George Washington, car il possédait lui aussi des esclaves.
Au-delà de la polémique causée par le Président, certains ont pu voir dans cet épisode la résurgence de la division historique entre le Nord libre (qui désigne surtout les États du Nord-Est américain) et le Sud esclavagiste (qui correspond aux anciens États confédérés tels que l’Alabama, la Virginie et le Mississippi). Une fracture définissant les États-Unis depuis