Violences sexistes : À l’Unef et au MJS aussi…

Les révélations de Libération à propos des agressions sexuelles commises par l’ancien président du MJS ont libéré la parole dans le syndicat étudiant.

Politis  • 22 novembre 2017
Partager :
Violences sexistes : À l’Unef et au MJS aussi…
photo : Thierry Marchal-Beck entre Martine Aubry et Harlem Desir.
© JOEL SAGET / AFP

S uis-je la seule à savoir ce qu’est un castor à l’Unef ? », s’interroge une ancienne membre du syndicat étudiant sur son mur Facebook. Une expression que connaît chaque militant et qui se passe de génération en génération. « Castoriser », c’est construire le syndicat avec sa queue, à l’image du castor qui bâtit son barrage. « C’est un mot que l’on entend assez rapidement lorsque l’on arrive à l’Unef », témoigne Amandine, qui a milité au syndicat de 2012 à 2016. Une blague graveleuse qui est désormais sur le devant de la scène. Les révélations de Libération à propos des agressions sexuelles commises par Thierry Marchal-Beck, surnommé TMB, l’ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), ont en effet libéré la parole dans le syndicat étudiant.

Dans les deux organisations, politiquement proches, tout le monde se taisait. « Je n’ai jamais vu TMB, car je ne suis arrivée au mouvement qu’en 2013. Pourtant, je savais que ce n’était pas quelqu’un de très clean, témoigne Anne, membre du MJS. Ce sont des rumeurs, mais si, moi je l’ai su, je ne dois pas être la seule. » Il a donc fallu attendre le hashtag #balancetonporc pour que ces affaires deviennent médiatiques. La faute à l’omerta qui pèse sur les victimes.

« À l’Unef, on dit très souvent que l’organisation passe avant tout, explique Amandine. On a tendance à privilégier le règlement en interne plutôt que de médiatiser ce problème. » Même chose du côté des Jeunes Socialistes : « Ce n’est pas un hasard si ces révélations sortent alors que le parti est faible », estime Anne. Les deux militantes s’accordent sur un point : ces violences sexistes ne sont pas l’apanage des organisations de jeunesse de gauche, « mais le fruit d’une société dans laquelle la culture du viol est la norme ».

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »
Entretien 13 novembre 2025 abonné·es

13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »

Les audiences avaient duré dix mois et réuni une centaine de parties civiles. En septembre 2021, vingt accusés comparaissaient devant la cour d’assises spéciale de Paris dans le procès des attentats du 13 novembre 2015. Maître de conférences en science politique, Antoine Mégie a mené, avec trois coautrices, une enquête au long cours sur le procès.
Par Olivier Doubre
Dans 56 journaux télévisés, moins de 3 minutes sur Gaza
Palestine 12 novembre 2025 abonné·es

Dans 56 journaux télévisés, moins de 3 minutes sur Gaza

Un mois après le « plan de paix » signé sous l’impulsion de Donald Trump, Benyamin Netanyahou a relancé les bombardements sur Gaza, en violation de l’accord. Depuis trois semaines, les médias français semblent passer sous silence la reprise de l’offensive israélienne.
Par Kamélia Ouaïssa
« À la Philharmonie de Paris, le public nous a littéralement lynchés »
Palestine 11 novembre 2025

« À la Philharmonie de Paris, le public nous a littéralement lynchés »

Jeudi 6 novembre, le collectif Palestine Action France a perturbé la tenue du concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris. Des militants se sont fait violemment frapper par des spectateurs. Pour la première fois, une participante prend la parole pour expliquer sa version des faits.
Par Pierre Jequier-Zalc
Déportation de Salah Hammouri : la compagnie aérienne El Al visée pour complicité dans une plainte
Justice 11 novembre 2025 abonné·es

Déportation de Salah Hammouri : la compagnie aérienne El Al visée pour complicité dans une plainte

L’avocat franco-palestinien a déposé plainte pour crimes de déportation, persécution et ségrégation. Parmi les mis en cause, la compagnie aérienne israélienne ayant procédé à sa déportation en décembre 2022.
Par Pauline Migevant