Palestine : l’illusion française

Mahmoud Abbas, en visite à Paris, a déclaré attendre beaucoup de la France. Un appel qui ne sera sans doute suivi d’aucun effet.

Denis Sieffert  • 22 décembre 2017
Partager :
Palestine : l’illusion française
© photo : FRANCOIS MORI / POOL / AFP

En visite à Paris, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a affirmé ce vendredi qu’il n’accepterait « aucun plan de la part des États-Unis ». Il a appelé de ses vœux une implication française : « Nous attendons beaucoup, beaucoup de vous », a-t-il déclaré à Emmanuel Macron. Une attente qui risque d’être déçue, car si la France a bien figuré parmi les 128 pays de l’Onu (sur 193) qui ont condamné la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, il n’est pas question pour Paris de reconnaître la Palestine, comme l’aurait souhaité Mahmoud Abbas. Emmanuel Macron est cependant tombé d’accord avec le Président palestinien pour constater que les États-Unis sont désormais « marginalisés » dans ce dossier. Cela, alors que Washington s’apprêterait à divulguer dans le courant du premier trimestre un « plan de paix » préparé par le gendre de Trump, Jared Kushner, connu pour son engagement inconditionnel en faveur d’Israël.

Mahmoud Abbas a également fortement critiqué la méthode employée par Donald Trump pour contraindre certains pays à s’abstenir sur la résolution de l’Assemblée générale de l’Onu. Le Président américain avait menacé de « noter les noms » des pays qui voteraient la résolution et de leur couper les vivres. « On ne peut pas payer les États pour qu’ils adoptent une politique donnée », a déclaré Abbas.

Pour justifier son refus de reconnaître la Palestine, Emmanuel Macron a revendiqué un « esprit de méthode », affirmant ne pas vouloir agir « en réaction » à la décision américaine. Un argument un peu court quand on sait que le refus français est bien antérieur à la décision de Trump à propos de Jérusalem. Sans un tel engagement, que peut faire la France, sinon continuer d’ânonner des slogans en faveur de « la solution à deux États », alors même que celle-ci est condamnée par la décision américaine et la colonisation galopante des territoires palestiniens ? L’appel de Mahmoud Abbas à Emmanuel Macron ressemble à une nouvelle et dangereuse illusion.

En attendant, sur le terrain, un dixième Palestinien est tombé vendredi à Gaza sous les balles des soldats israéliens, à la suite de manifestations de protestation contre la décision américaine qui ne faiblissent pas depuis le 6 décembre.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don !

Envie de soutenir le journal autrement qu’en vous abonnant ? Faites un don et déduisez-le de vos impôts ! Même quelques euros font la différence. Chaque soutien à la presse indépendante a du sens.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

En Tunisie, l’oasis où la révolution fait datte
Reportage 24 mai 2023 abonné·es

En Tunisie, l’oasis où la révolution fait datte

À Jemna, aux portes du Sahara, sur les terres de leurs ancêtres spoliées par les colons français puis par l’État tunisien, les habitants ont repris la main sur la production de 13 000 palmiers dattiers. Depuis les événements de 2011, ils la gèrent collectivement.
Par Brice Andlauer
En Grèce, l’emprise du système Mitsotákis
International 17 mai 2023 abonné·es

En Grèce, l’emprise du système Mitsotákis

Le Premier ministre a mis en place un réseau de contrôle absolu des médias, de l’économie et des ministères sans équivalent dans l’histoire du pays. Même fragilisé, il peut envisager sa réélection le 21 mai.
Par Angélique Kourounis
« L’accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran fait entrevoir une paix durable au Yémen »
Géopolitique 17 mai 2023 abonné·es

« L’accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran fait entrevoir une paix durable au Yémen »

Le Yémen connaît un accord de cessez-le-feu depuis le 20 mars, porté par les deux grandes puissances régionales adversaires, l’Arabie saoudite, alliée du gouvernement légal, et l’Iran, soutien des rebelles séparatistes. Le géopolitologue Didier Billion analyse l’impact de cet accord pour le Moyen-Orient.
Par Patrick Piro
Thaïlande : cette jeunesse qui veut renverser l’ordre établi
Démocratie 10 mai 2023 abonné·es

Thaïlande : cette jeunesse qui veut renverser l’ordre établi

Le pays élit ses députés le 14 mai. Les nouvelles générations, qui aspirent à en finir avec le pouvoir militaire et les excès de la loi où perdure le crime de lèse-majesté, croient en leur victoire.
Par Valentin Cebron (collectif Focus)