Réparer son vélo, un cadre de résistance
À Grenoble, les ateliers solidaires d’autoréparation sont un puissant vecteur de lien social et un outil d’émancipation.

Le premier à pousser la porte de Pignon sur roue a tout juste 11 ans et il s’appelle Malik. C’est la sortie d’école et la nuit précoce prévient que l’hiver n’est plus très loin. Sur le paillasson de l’atelier d’autoréparation de vélos, situé à la Villeneuve, l’un des quartiers les plus populaires de Grenoble, le petit gars, taiseux, pointe d’un doigt frigorifié la roue crevée de son B-Twin blanc. « Tu sais t’occuper de ça, maintenant ! », lui lance Gwenaël, trentenaire bénévole qui a participé à la création du lieu. Sans répondre, le gamin s’approche de l’établi, prend une clé de 14, puis opte finalement pour une 16, plus adéquate. « Regarde : si tu mets l’outil dans ce sens, tu pourras te servir de ton poids », lui indique Gwenaël. Malik obtempère et semble apprécier cette nouvelle technique.
Dans la cité alpine, les ateliers solidaires diffusent une culture du vélo que l’on monte, remonte et démonte soi-même. Il faut dire que Grenoble cumule les superlatifs urbains : c’est l’une des villes les plus plates et les plus polluées de France – cette dernière caractéristique ayant sans doute favorisé l’élection du maire écologiste Éric Piolle en 2014.
Le mouvement de réemploi qu’incarnent ces ateliers solidaires n’est pas la chasse gardée d’une classe sociale aisée. Parmi les neuf espaces d’autoréparation, plusieurs sont implantés dans des quartiers où résident en grande majorité des populations précaires. « Aux beaux jours, les gens affluent, s’installent à tous les niveaux, débordent à l’extérieur pour mettre la main à la
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