Les Traoré : famille courage
Depuis la mort d’Adama Traoré à la suite d’une interpellation policière, tous ses frères et sœurs se sont investis dans une quête de vérité. Malgré les pressions subies et l’acharnement de l’État.
dans l’hebdo N° 1485 Acheter ce numéro

Nous sommes rassemblés devant le tribunal de Pontoise pour dénoncer l’acharnement judiciaire que subit ma famille. D’ailleurs, j’ai demandé à mes frères de ne pas m’accompagner aujourd’hui pour éviter qu’un quatrième ne se retrouve en prison », clame Assa Traoré sous le regard des policiers sécurisant l’accès au palais de justice. Le froid glacial de ce mardi 19 décembre n’a pas découragé les soutiens les plus fidèles de la famille Traoré.
Le désir de vérité et de justice anime Assa depuis maintenant dix-huit mois. Depuis la mort d’Adama, son petit frère, dans la cour de la gendarmerie de Persan, dans le Val-d’Oise. Sa voix ne tremble pas, ses mots brisent les tabous, ses silences percutent les esprits, sa colère ne plonge jamais dans le pathos. À chaque prise de parole, le même réflexe : arborer le tee-shirt « Justice pour Adama », citer le nom d’Adama Traoré autant de fois que possible et rappeler les faits – rien que les faits –, pour contrer la multitude de mensonges et d’approximations énoncés tour à tour par les gendarmes, le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, et la maire de Beaumont-sur-Oise, où vit la famille Traoré (voir l’édito écrit par Assa Traoré).
Depuis qu’ils ont forcé le destin en obtenant une seconde autopsie et en rétablissant un début de vérité, les Traoré subissent un acharnement judiciaire sans fin. En un an et demi, trois frères ont été placés derrière les barreaux, un quatrième a passé 53 heures en garde à vue. Yacouba, l’un des plus jeunes, est poursuivi pour violences envers un ancien codétenu d’Adama, mais aussi pour l’incendie d’un bus lors des révoltes dans le quartier Boyenval, et pour violences envers les forces de l’ordre. Des faits renvoyant au 19 juillet 2016, jour de la mort d’Adama. Cherchant son frère partout, il a effectivement mis son pied dans la porte de la gendarmerie pour entrer et exiger des réponses. Quant à Bagui, seul témoin de ce jour funeste, il est mis en examen depuis plus d’un an. Il risque notamment la plus lourde peine prévue par le code pénal, car il est poursuivi pour « tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». En cette période de fêtes, c’est au parloir que la famille lui a porté son colis de Noël.
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