Assemblée nationale : LREM verrouille le débat

Le 1er février, les textes portés par les députés de la France insoumise ont vite été stoppés par La République en marche.

Michel Soudais  • 7 février 2018 abonné·es
Assemblée nationale : LREM verrouille le débat
© photo : FRANCOIS GUILLOT / AFP

Cinq textes pour une seule journée. Le menu présenté par les députés de la France insoumise (FI) dans le cadre de leur « niche parlementaire » était copieux. Trop assurément, si seulement un ou deux d’entre eux avaient été normalement discutés et amendés. Mais il est désormais établi, depuis les deux précédentes journées carte blanche attribuées en octobre et en janvier aux groupes Les Républicains (LR) et Nouvelle Gauche (NG), que de tels débats sur des propositions de loi qui n’émanent pas de la majorité ne peuvent être menés à terme. Ce qui s’est vérifié.

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Le 1er février, les 17 députés de la FI étaient tous dans l’hémicycle pour porter, réseaux sociaux à l’appui, leurs textes sur le burn out, le Ceta, le droit à l’eau, les contrôles d’identité ou la fin de vie, qualifiés par leur chef de file, Jean-Luc Mélenchon, de « propositions de bon sens ». Tous ont vite été stoppés par La République en marche (LREM). Elle avait notamment déposé contre trois propositions de loi, sous des prétextes divers, des motions de rejet préalable. Ainsi, tout en reconnaissant l’importance du burn out, le député macronien Guillaume Chiche s’est opposé à la poursuite de la discussion sur la reconnaissance des « pathologies psychiques résultant de l’épuisement professionnel » au double motif que celle-ci devrait être « le fruit d’une concertation entre les partenaires sociaux menée au sein du conseil d’orientation des conditions de travail », ce qui suppose un feu vert du Medef, et qu’il convient de faire confiance au gouvernement et à la majorité parlementaire déjà « mobilisés en faveur de la qualité de vie au travail ». Un procédé dénoncé par la FI et tous les groupes d’opposition.

Brigitte Kuster (LR) en a souligné le caractère « récurrent » qui coupe « court à toute discussion et à la possibilité d’étoffer et d’amender le texte ». Un « flagrant délit d’obstruction, inacceptable », « un déni de débat parlementaire », ont abondé respectivement le communiste Sébastien Jumel et le socialiste Boris Vallaud. Oubliée la promesse d’Emmanuel Macron, au lancement d’En marche !, de revivifier la démocratie. Ses députés rejettent systématiquement tout ce qui n’émane pas de l’Élysée. Comme le dit Pierre-Henri Dumont (LR), son « nouveau monde » se révèle « bien pire que l’ancien ». Emportés par leur élan, du moins préfère-t-on le croire, 3 des 37 députés LREM présents avant que le chronomètre n’interrompe l’examen de la dernière proposition de loi, « relative à l’euthanasie et au suicide assisté, pour une fin de vie digne », ont voté une motion de rejet déposée par Sébastien Chenu, député… FN.

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